Énergie : « les besoins devraient doubler d’ici à 2030 »
Jean-Marc Darboux est président pour l’Afrique de Schneider Electric, leader français de la gestion de l’énergie présent sur le continent depuis près de quarante ans. Selon lui, entre croissance économique et déficit énergétique criant, l’avenir s’y annonce prometteur.
Propos recueillis par Michael Pauron.
Jeune Afrique : Quel est le champ d’activité de Schneider Electric en Afrique ?
Jean-Marc Darboux : Le continent est depuis longtemps une zone d’activité importante pour nous. Nous y sommes présents via un réseau historique de partenaires (distributeurs, tableautiers, systèmes intégrateurs, installateurs…) et à travers des sites industriels – comme en Afrique du Sud et en Égypte, nos deux plus gros marchés, ou en Algérie. Schneider Electric Afrique compte 2 500 collaborateurs dans une quinzaine de pays. Avec son milliard d’habitants, sa croissance économique et sa proximité – linguistique et physique – avec l’Europe et la France, le continent ne peut qu’être au coeur de notre stratégie. Nous intervenons sur les bâtiments, notamment publics, et de plus en plus sur les grands centres commerciaux (équipements, gestion…). Nous offrons aussi des solutions aux utilities [services publics, NDLR], pour transporter et distribuer l’électricité, et au secteur minier, dont nous optimisons les process industriels et la distribution d’énergie.
Quelle part de votre chiffre d’affaires cela représente-t-il ?
Pour les zones rurales, il faut penser à une production décentralisée de l’électricité.
Nous ne communiquons pas nos résultats sur le continent spécifiquement, mais nos activités augmentent à l’image de l’économie africaine. Il est clair que les événements de ces deux dernières années en Tunisie, en Libye, en Égypte, en Côte d’Ivoire, et aujourd’hui au Mali, ont un impact sur nos résultats. Pour autant, nous n’avons jamais quitté un pays, et nous nous faisons un devoir de rester. Globalement, les besoins électriques de l’Afrique, qui devraient doubler d’ici à 2030, nous rassurent sur l’avenir.
Justement, comment analysez-vous la crise énergétique récurrente que vit le continent ?
La construction de nouvelles capacités de production, d’infrastructures de transport et de distribution est nécessaire. Mais tout cela à un coût, difficile à supporter pour la plupart des pays, même si tous les grands États ont des projets. Cependant, d’autres actions, moins onéreuses, permettraient au continent de gagner des mégawatts. Comme notamment remettre en état les infrastructures existantes, trop vétustes, qui engendrent d’importantes pertes d’énergie liées à des problèmes techniques.
La remise en état ne suffirait cependant pas à combler ce déficit…
Non, évidemment. Mais pour les zones urbaines, il y a un autre levier à actionner, comme je l’explique à tous mes interlocuteurs : les économies d’énergie. Nombreuses sont les usines énergivores, qui consomment bien plus que nécessaire. Les hôtels, les bâtiments publics où les climatiseurs et les lumières fonctionnent vingt-quatre heures sur vingt-quatre sont autant de gabegie. Il faut travailler tous ces aspects de concert : plus de mégawatts, plus de rénovations et plus d’économies.
Et dans les zones rurales ?
Je ne crois pas à une distribution basée sur le modèle occidental. Cela coûte cher, et certains accès seront de toute manière trop compliqués. Il faut penser à une production décentralisée de l’électricité (off grid). Cela peut se réaliser à travers les énergies renouvelables – éolienne, solaire – et hydraulique. C’est ce que nous essayons de proposer via notre offre BipBop, déjà introduite à Madagascar et au Sénégal notamment. De petites centrales thermiques de 2 MW pourraient également être imaginées pour alimenter un village et quelques industries.
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