Pionnier de la messagerie instantanée sur le continent, le réseau social sud-africain Mxit a annoncé en fin de semaine dernière le « don de ses actifs«  (propriété intellectuelle, adresses IP et infrastructures technologiques) à la fondation sud-africaine The Reach Trust, spécialisée dans l’éducation et les services sociaux.

Les modalités de cette « donation » n’ont pas été rendus publiques et une incertitude règne en ce qui concerne l’actionnariat et la direction effective du réseau social suite à cette opération.

Mxit maintient pour sa part que ce transfert ne signifie en rien la fin de ses activités et rappelle que le réseau est toujours actif, comme l’a souligné sur Twitter Michael Jordaan, qui présidait depuis 2013 le conseil d’administration de Mxit et dont le départ est annoncé.

Mxit is not shutting down. The tech transfer is a business innovation for social good @TheReachTrust.

— Michael Jordaan (@MichaelJordaan) 23 Octobre 2015

Cette donation marque néanmoins un échec pour le réseau social, malmené par la concurrence d’applications de messagerie telles que WhatsApp et Facebook Messenger.

Percée

Lancé en 2005 par Herman Heunus, un informaticien d’origine namibienne, Mxit a connu une percée remarquable.

L’application, qui permet à une communauté d’utilisateurs d’échanger des messages électroniques via un outil simplifié accessible sur les téléphones mobiles ordinaires (y compris low-cost), a crû rapidement, grâce à cette fonctionnalité qui offrait une alternative aux SMS alors relativement coûteux.

En 2011, Mxit, qui revendiquait une dizaine de millions d’utilisateurs actifs en Afrique du Sud, a été cédé au fonds d’investissement sud-africain World of Avatar dans une transaction dont les détails sont restés confidentiels [le montant de 500 millions de rands annoncé par la presse locale a été démenti par les différentes parties prenantes].

Trois ans plus tard, c’est la débâcle. Si en 2013, Mxit revendiquait encore jusqu’à 6 millions d’abonnés actifs par mois en Afrique du Sud, en juillet 2015, le nombre d’utilisateurs de la plateforme aurait fondu à environ 1,2 million d’utilisateurs actifs en Afrique du Sud.

En septembre, Facebook annonçait pour sa part 12 millions d’utilisateurs actifs dans le pays, pour environ 120 millions à travers le continent. L’application de messagerie WhatsApp compterait elle environ 10 millions d’utilisateurs dans le pays.

Émergence

La plateforme sud-africaine aurait mal anticipé d’une part l’émergence des smartphones à prix abordable permettant d’accéder à davantage de fonctionnalités et d’applications via l’internet mobile que celles permises par Mxit, et d’autre part, les efforts fournis par Facebook et même Google pour faciliter l’accès à leurs services de messagerie via SMS ou des applications peu consommatrices en data.

Désormais sous l’égide de The Reach Trust, Mxit devrait être davantage orienté vers la fourniture de solutions facilitant l’accès gratuit à l’éducation, indique la fondation sud-africaine.