Bénin : qui pour succéder à Boni Yayi en 2016 ?

Les Béninois se rendront aux urnes début 2016 pour choisir un successeur à Thomas Boni Yayi. Il sont nombreux à afficher leurs ambitions pour cette présidentielle dont le premier tour doit se tenir le 28 février. Tour d’horizon.

L’ancien président Thomas Boni Yayi avait annoncé 800 soldats béninois, contre les 200 qui seront finalement déployés. © Vincent Fournier pour J.A.

L’ancien président Thomas Boni Yayi avait annoncé 800 soldats béninois, contre les 200 qui seront finalement déployés. © Vincent Fournier pour J.A.

VINCENT-DUHEM_2024 ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 3 décembre 2015 Lecture : 4 minutes.

Le 28 février prochain, les Béninois auront l’occasion de tester une nouvelle fois la vitalité de leur démocratie.  Alors que les candidatures ne sont pas encore officiellement déposées – elles le seront du 9 au 12 janvier 2016 -, plusieurs personnalités affichent déjà leurs ambitions pour occuper le fauteuil de Thomas Boni Yayi qui, conformément à la Constitution, ne pourra plus se présenter. Et les tractations politiques vont bon train dans les états-majors des partis en vue de la désignation de leurs champions.

Si certaines candidatures relèvent de l’évidence, d’autres semblent toujours être à l’étape du questionnement. Revue des principales forces en présence à moins de trois mois d’un scrutin présidentiel très ouvert.

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Lionel Zinsou

Lionel Zinsou est le Premier ministre du Bénin. © Bruno Levy pour JA

Lionel Zinsou est le Premier ministre du Bénin. © Bruno Levy pour JA

Après avoir longtemps relevé de l’ordre de la spéculation, la candidature de Lionel Zinsou s’est soudainement concrétisée. Nommé Premier ministre en juin, l’économiste franco-béninois s’est clairement positionné au début de novembre dans la course en déclarant qu’il lui était « légitime » d’avoir des ambitions et qu’il ne voulait pas « être candidat dans la dissension ». Souhait exaucé ? Moins d’un mois plus tard, l’ex-banquier d’affaires, normalien au parcours brillant et neveu de l’ex-président béninois Émile Derlin Zinsou, était désigné candidat des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE, parti au pouvoir).

Patrice Talon

Le nouveau président du Bénin, Patrice Talon. © DR

Le nouveau président du Bénin, Patrice Talon. © DR

Ses partisans disent qu’il a « le contrôle de l’univers politique » de son pays. Pourtant, Patrice Talon est un nouveau venu dans le marigot des présidentiables béninois. L’homme d’affaires a toujours eu de solides amitiés, notamment celle de Boni Yayi, son grand ami jusqu’à ce qu’à la fameuse rupture de 2012, quand il sera accusé d’avoir voulu attenter à la vie de l’actuel chef de l’État. Exilé en France pendant près de trois années, Patrice Talon s’est progressivement affirmé comme un redoutable adversaire au régime actuel.

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Son retour mi-octobre au Bénin a coïncidé avec l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 2016. À 57 ans, Patrice Talon devrait se présenter comme candidat indépendant.

Eric Houndété

Il a 52 ans mais est crédité d’une grande popularité auprès de la jeunesse béninoise. Sa réputation, il la doit à son engagement politique dans l’opposition et sa présence sur les réseaux sociaux. Ingénieur électrotechnique, Eric Houndété est titulaire d’une licence en droit des affaires et d’un master en management des services publics. Fils de syndicaliste, il fut en 1988 cofondateur du Mouvement pour une alternative du peuple (MAP). Député, Eric Houndété s’est lancé très tôt dans la bataille pour la présidentielle. S’il réussit à fédérer autour de lui les grosses pointures de l’alliance l’« Union fait la nation» (UN, opposition), Eric Houndété peut faire partie des favoris du scrutin.

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Emmanuel Golou

 © Vincent Fournier pour JA.

© Vincent Fournier pour JA.

Entre lui et Houndété, la bataille sera rude. Emmanuel Golou espère lui aussi être désigné candidat de l’UN, la coalition de l’opposition à laquelle appartient sa formation du Parti social-démocrate (PSD). À 59 ans, celui qui préside depuis 2013 le comité Afrique de l’Internationale socialiste (IS) siège depuis 1991 à l’Assemblée nationale, qu’il n’a quittée que de 1996 à 1998 pour prendre la tête du portefeuille de l’Énergie, des Mines et de l’Hydraulique dans le gouvernement d’Adrien Houngbédji, sous la présidence de Mathieu Kérékou.

Abdoulaye Bio-Tchané

 © Vincent Fournier pour J.A.

© Vincent Fournier pour J.A.

En plein dans la soixantaine, Abdoulaye Bio-Tchané (ABT) se lance une nouvelle fois dans la course présidentielle après sa tentative infructueuse de 2011. Sous feu Mathieu Kérékou, l’ancien directeur du département Afrique du FMI était ministre des Finances. Candidat malheureux en 2011 face à Boni Yayi, l’ancien président de la Banque ouest africaine de développement (BOAD) repart à la conquête du fauteuil présidentiel en 2016.

L’actuel président du Conseil d’administration du Fonds africain de garantie (FAG) est d’ores et déjà en pré-campagne et multiplie les déplacements sur le terrain, à la rencontre des populations. À la tête de l’Alliance pour un Bénin triomphant (ABT), Abdoulaye Bio-Tchané espère succéder à l’actuel locataire du Palais de la Marina, qu’il avait déjà remplacé en 2008 à la BOAD.

Pascal Irénée Koupaki

Cet habitué de la scène politique béninoise a été à plusieurs reprises ministre avant d’être nommé chef du gouvernement – poste non constitutionnel au Bénin – en 2011. Poste dont Pascal Koukpaki démissionnera en 2013, en raison de divergences d’opinions avec Boni Yayi.

Originaire de Ouidah, l’ancien « Premier ministre » est un économiste formé à l’Université de Paris-1 Sorbonne. Il obtient également un diplôme en études supérieures bancaires et financières à Dakar en 1979. Ses spécialités : la monnaie, le crédit et les théories macro-économiques. Ancien fonctionnaire de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest et du Fonds monétaire international, l’homme, « connu pour sa franchise », pourrait, selon certains observateurs, créer la surprise.

Robert Gbian

 « Ma candidature est irréversible », affirme Robert Gbian, qui fait lui aussi partie des favoris pour 2016. Principal atout : sa popularité dans le septentrion et sa posture de « politicien nouveau ».

Ancien directeur du cabinet militaire de Boni Yayi, Robert Gbian est titulaire d’un diplôme d’économie générale en 1976 et d’un brevet technique d’études administratives militaires supérieures obtenu en France en 1989. Le natif d’Ina, dans la commune de Bembéréké, est entré en politique depuis sa retraite en 2012. Tête de liste (l’Alliance Soleil) dans la 7e circonscription lors des législatives de 2015, le général Robert Gbian a été élu député. Il est depuis mai 2015 vice-président de l’Assemblée nationale.

Sébastien Ajavon

Toujours pas officielle, la candidature de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon reste une énigme. Plusieurs groupements politiques à l’envergure limitée appellent depuis plusieurs mois à soutenir le président du patronat béninois, qui est aussi administrateur de la société Cajaf Comon, spécialisée dans l’importation de produits alimentaires. Sa présence dans les prétendants à la succession de Yayi pourrait faire de l’ombre à la candidature de Patrice Talon.

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