Ecobank fait sa mue

À la veille de l’arrivée de son nouveau directeur général, le géant panafricain se réorganise. Ecobank adopte une structure binaire distinguant la banque de proximité et une nouvelle entité, Corporate & Investment Bank.

Le 15 juin à Lomé, lors de l’assemblée générale annuelle d’Ecobank. © Jean-Claude Abalo

Le 15 juin à Lomé, lors de l’assemblée générale annuelle d’Ecobank. © Jean-Claude Abalo

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 7 juillet 2012 Lecture : 4 minutes.

Un groupe organisé autour de deux activités majeures : la banque de proximité d’une part et la banque des grandes entreprises et d’investissement de l’autre. Telle est la nouvelle configuration d’Ecobank Transnational Incorporated (ETI) dont Thierry Tanoh, le futur directeur général du groupe, héritera à partir du mois prochain. L’Ivoirien, qui a été présenté aux actionnaires lors de l’assemblée générale annuelle, le 15 juin à Lomé, était jusque-là le vice-président de la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale) pour l’Afrique subsaharienne, la zone Amérique latine-Caraïbes et l’Europe de l’Ouest.

Cliquez sur l'image« Stratégique », d’après le groupe, ce réaménagement se manifeste notamment par la création de l’entité Corporate & Investment Bank (CIB). Elle est née de la fusion entre deux des trois pôles d’ETI, l’activité de banque des grandes entreprises (basée en Afrique du Sud) et Ecobank Capital, la branche spécialisée dans les marchés de capitaux et la banque d’investissement (basée à Londres) – pourtant créée récemment, en septembre 2010. Un rapprochement motivé par des résultats décevants d’Ecobank Capital ? Arnold Ekpe récuse cette hypothèse : « Cette branche a signé une excellente année 2011, portée par ses activités de trésorerie, de conseil aux entreprises et de financement obligataire », répond l’emblématique directeur général d’ETI, qui s’apprête à passer le relais. D’après les chiffres publiés par le groupe dans son rapport annuel, ce pôle d’activité a réalisé en 2011 un produit net bancaire (PNB) de 267 millions de dollars (206,2 millions d’euros, + 34 % sur un an), ce qui correspond à 22 % du PNB du groupe.

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Alors pourquoi cette réorganisation ? « Lorsque Ecobank Capital a été créé, notre objectif était d’accélérer l’activité de banque d’investissement pour ensuite la fusionner avec la banque des grandes entreprises parce que, pour ces deux métiers, la demande de la clientèle se rapproche », poursuit Arnold Ekpe. L’entité CIB ainsi créée devient le principal contributeur au PNB du groupe, avec 51 % en 2011 (618 millions de dollars). Elle regroupe en outre les activités les plus rentables : le corporate banking a contribué pour 43 % au résultat avant impôts d’ETI en 2011 tandis qu’Ecobank Capital, avec 106 millions de dollars, en assurait 38 %.

Selon nos informations, la nouvelle structure du groupe (encore en cours de mise en place) a été suggérée il y a deux ans par un cabinet international. Ce système, dénommé twin engine model, est courant au sein des grands groupes bancaires internationaux. Il consiste à baser la croissance sur deux moteurs : la clientèle des particuliers, d’une part, et celle des grandes entreprises et de la banque d’investissement, d’autre part. « Si la majorité des banques africaines opère suivant le schéma corporate banking/banque de détail [qui laisse en marge la banque d’investissement, NDLR], de plus en plus d’entre elles vont adopter cette configuration », estime un gestionnaire de portefeuille au sein d’un fonds d’investissement.

Albert Essien, la fidélité récompensée

Tout le monde attend l’arrivée de Thierry Tanoh à la tête d’Ecobank Transnational Incorporated (ETI). Mais à 56 ans, Albert Essien est devenu en l’espace de quelque mois l’un des hommes clés du groupe bancaire panafricain. En plus de son poste de directeur général adjoint, qu’il occupe depuis janvier, le Ghanéen a la responsabilité depuis la fin avril du pôle Corporate & Investment Bank (CIB), qui représente, selon les résultats annoncés pour 2011, 51 % du produit net bancaire d’ETI. Cet ancien cadre de la National Investment Bank du Ghana a rejoint Ecobank Ghana en 1990 et a successivement été directeur régional pour les zones Afrique de l’Ouest anglophone (hors Nigeria) et Afrique de l’Est-Afrique australe, et directeur général du corporate banking entre 2002 et 2011. Albert Essien est diplômé en économie de l’Université du Ghana et a suivi un programme de formation continue pour les dirigeants à l’Insead (France-Singapour). S.B.

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Six métiers

Une évolution qui entraîne, évidemment, une redéfinition des responsabilités du management. Albert Essien (cf. encadré), promu directeur général adjoint d’ETI en janvier dernier, prend ainsi la direction de CIB, qui regroupe en fait six métiers.

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D’abord le corporate banking, dont la responsabilité a été confiée à Charles Kié, jusqu’ici directeur opérationnel d’Ecobank Capital – une promotion pour l’Ivoirien, entre-temps annoncé à la tête de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). Ensuite la banque d’investissement (hors Nigeria), toujours confiée à Ecobank Capital, qui est désormais dirigé par un autre Ivoirien, Ehouman Kassi. Les divisions trésorerie et recherche (auparavant intégrées à Ecobank Capital) demeurent respectivement sous la responsabilité du Sénégalais Abdul Aziz Dia et du Togolais Paul-Harry Aithnard. Seront prochainement désignés, enfin, les responsables des deux dernières directions de CIB : la branche Transaction Services et la banque d’investissement du Nigeria (qui inclut la gestion d’actifs et la gestion immobilière).

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