Tunisie : face aux grèves, Meublatex suspend ses activités

Néji Mhiri, fondateur du groupe spécialisé dans les meubles Meublatex, a annoncé lui-même la suspension des activités. En cause : les grèves à répétition.

En 2012, bien qu’en diminution, la contestation sociale en Tunisie reste forte. © AFP

En 2012, bien qu’en diminution, la contestation sociale en Tunisie reste forte. © AFP

Publié le 25 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

« Je joue au golf et ne travaille plus. J’ai tout légué aux enfants et ne fais plus de déclarations à la presse », affirmait Néji Mhiri en 2010. Fondateur, en 1972, du groupe Meublatex et de la chaîne hôtelière El Mouradi, c’est pourtant bien lui qui a annoncé la suspension d’activité des 167 points de vente et des 8 entreprises spécialisées dans la fabrication et la commercialisation de meubles qui affichait, en 2010, 52 millions de dinars (25,9 millions d’euros) de chiffre d’affaires et emploie plus de 7000 personnes.

Cette décision, ultime épisode du bras de fer engagé entre la puissante centrale syndicale, l‘Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et la direction du groupe, intervient après une dernière grève de 3 jours observée par plus de 4000 employés qui revendiquent l’application de la convention sectorielle du bois et de l’ameublement à l’ensemble du personnel. Autrement dit : l’extension aux agents administratifs et commerciaux des avantages octroyés aux ouvriers en matière de primes, heures supplémentaires et sécurité au travail.

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Néji Mhiri, outré par des slogans politiques lancés lors de la grève, a qualifié ces demandes de fantaisistes et accusé le syndicat de vouloir nuire à l’entreprise et d’instrumentaliser l’affaire à des fins politiques alors que Belgacem Ayari, Secrétaire général adjoint de l’UGTT en charge du secteur privé, considère comme irresponsable le boycott par la direction des réunions de conciliation organisées par le ministère des Affaires sociales. La décision de Néji Mhiri semble irrévocable : dans un communiqué, il s’est engagé à  accorder aux employés tous leurs droits et à régler ses engagements auprès des banques.

95 000 journées perdues

Néji Mhiri n’est pas le premier patron que l’agitation sociale excède : depuis le 14 janvier 2011, aussi bien le producteur de fromages Landor que le groupe Poulina et le confiseur « Le Moulin » ont eu recours à la suspension d’activité face à une surenchère de revendications ouvrières initiée après la révolution. L’année dernière, l’agitation sociale a fortement impacté l’activité économique. Au cours des quatre premiers mois de 2012, les grèves ont reculé de 43%, avec 59 000 journées perdues sur cette période contre 95 000 sur la même période l’année précédente.

Toutefois, les mouvements sont plus soutenus et sont suivis par 76 % des employés contre 70 % en 2011 ; 130 entreprises ont été touchées par des mouvements sociaux contre 180 en 2011. Après le privé, qui a retrouvé un semblant de sérénité, c’est au tour du public d’avancer ses revendications : en moins d’un mois, magistrats, médecins et enseignants ont tour à tour réclamé des régularisations ainsi qu’une amélioration de leurs conditions et de la sécurité sur le lieu de travail. En ce début d’été, le calme était de retour ; la Compagnie Phosphate Gafsa (CPG), véritable baromètre des tensions sociales en Tunisie, a repris sa production. À ce titre, l’épisode Meublatex a de quoi inquiéter.

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