Turquie : le parti d’Erdogan retrouve la majorité absolue au Parlement
Contrairement à ce qu’annonçaient les sondages, le parti du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a remporté haut-la-main les élections législatives de dimanche en Turquie et réussi son pari de reprendre la majorité absolue.
Cinq mois après l’avoir perdu, Recep Tayyip Erdogan retrouve la majorité absolue au Parlement turc. Contre toute attente, sa formation politique, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), a recueilli 49,2 % des suffrages et raflé 316 des 550 sièges de députés sur la quasi-totalité des bulletins déjà dépouillés, selon les chaînes NTV et CNN-Türk.
Ce résultat sonne comme une revanche éclatante pour le président turc. D’autant que depuis le 7 juin, l’AKP avait perdu le contrôle total qu’il exerçait depuis treize ans sur le Parlement et remisé son rêve d’instaurer une « superprésidence » à sa main dans le pays. Erdogan avait alors reconvoqué des élections anticipées, persuadé de pouvoir renverser les résultats.
« Aujourd’hui est un jour de victoire », s’est réjoui le Premier ministre sortant et chef de l’AKP, Ahmet Davutoglu, dans son fief de Konya (centre). « Aujourd’hui il n’y a pas de perdants mais que des gagnants », a-t-il toutefois ajouté en tendant la main à ses rivaux.
HDP en perte de vitesse
Autre surprise de ces scrutins, le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), qui avait fait son entrée triomphale au Parlement en juin dernier, n’y a sauvé sa place que d’extrême justesse. Avec un score de 10,4 % au niveau national, il a tout juste franchi le seuil nécessaire pour être représenté sur les bancs.
Selon les résultats partiels, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) arrivait en deuxième place avec 24,5 % des voix, suivi du Parti de l’action nationaliste (MHP, droite) avec près de 12 %, tous deux en fort recul par rapport à juin.
Un coup dur pour les les rivaux d’Erdogan. Ces derniers avaient appelé les électeurs à sanctionner la dérive autoritaire du pouvoir, illustrée cette semaine encore par un raid spectaculaire de la police contre le siège de deux chaînes de télévision proches de l’opposition.
« Il se voit comme le chef religieux d’un califat », avait raillé avant le scrutin le chef de file du HDP Selahattin Demirtas. « Certains veulent rétablir le sultanat dans ce pays, ne les y autorisez pas ! », avait exhorté son homologue du CHP, Kemal Kiliçdaroglu.
Longtemps salué comme l’homme du miracle économique turc, le chef de l’État est, depuis les émeutes de Gezi en 2013, dénoncé pour ses méthodes fortes. Mais il reste très populaire dans le pays. « Nous croyons en lui, nous lui faisons confiance et, avec l’aide de Dieu, nous pouvons tout réussir », s’est réjoui Yasin Aslan, un des partisans en liesse dans les rues d’Istanbul. « Mon coeur battra pour l’AKP jusqu’au bout », a renchéri Cemile Bayrak, une femme voilée de 40 ans.
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