Alain Blaise Batongué : « Au Cameroun, nous devons inverser la tendance à l’inertie »

Le secrétaire exécutif du Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM), le principal syndicat des chefs d’entreprises du pays, analyse le classement du Cameroun dans la nouvelle édition du Doing Business de la Banque mondiale.

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Publié le 2 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Comment accueillez-vous le recul de quatre places du Cameroun dans le classement Doing Business 2016 ?

Avec beaucoup de gravité. C’est une nouvelle contre-performance de notre pays. En étant classé 172e sur 189 pays, le Cameroun figure désormais parmi les 20 économies considérées comme étant celles où il est le plus difficile de développer des affaires. Pis, notre pays est en recul dans presque tous les domaines de la facilitation des affaires.

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C’est un signal très négatif que nous considérons comme un véritable revers, mais qui en réalité ne nous surprend pas beaucoup. Et pour cause, nos difficultés à implémenter des réformes sont désormais clairement établies, malgré les bonnes intentions affichées et les nombreuses annonces.

Qu’est-ce qui n’a pas marché concrètement, notamment après la dernière édition du Cameroon Business Forum (CBF) en mars, où le Premier ministre a fait prendre des engagements forts ?

Après les résultats flatteurs obtenus lors des premières années de déploiement du CBF, la principale plate-forme de dialogue public/privé, nous tirions déjà, l’année dernière, la sonnette d’alarme sur ce qui apparaissait comme une tendance à la stérilisation.

Il paraissait déjà évident que l’enthousiasme de ces premières années s’estompait face aux importantes pesanteurs induites par les dysfonctionnements dans les chaînes administratives, la faiblesse des capacités des acteurs et des blocages récurrents. Cette tendance s’est malheureusement confirmée cette année avec un niveau d’exécution des recommandations du CBF qui reste largement médiocre et un fonctionnement peu régulier de ses instances techniques.

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Sur les 20 recommandations adoptées au cours du CBF 2015, seulement 4 avaient déjà atteint des niveaux d’exécution satisfaisants à fin juillet. Au-delà des imperfections et des reproches que l’on peut faire à ce classement de la Banque mondiale, force est de reconnaître qu’il traduit bien nos difficultés à réformer et surtout certaines insuffisances manifestes de notre environnement des affaires.

Que faut-il faire pour inverser cette tendance ?

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À la faveur de l’institutionnalisation récente du CBF par le décret du Premier ministre du 09 septembre dernier, nous ne pouvons qu’espérer l’apport d’un nouveau souffle à cette plateforme. Nous pensons notamment qu’une impulsion plus volontariste consistant à se donner des objectifs annuels précis en termes d’évolution à faire dans le classement Doing Business permettrait de renforcer l’implication des administrations et leur responsabilité face aux résultats.

En tout état de cause, une nouvelle attitude basée sur une profonde remise en cause est indispensable de la part de chacun des acteurs ; l’élément clé restant la mobilisation des acteurs car la mise en place d’une dynamique vertueuse requiert l’implication de tous.

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