Guy Maurice (Total) : « Les compagnies pétrolières, tout comme les États, doivent faire des efforts »

Rencontré en marge de l’Africa Oil Week, qui s’est au Cap, en Afrique du Sud, du 25 au 30 octobre, le patron de la branche exploration et production du géant français sur le continent s’est confié à « Jeune Afrique ». Il analyse la conjoncture morose du secteur et les perspectives pour son groupe.

Guy Maurice, directeur Afrique exploration-production de Total, à Paris dans son bureau de La Defense, le 7 nov 2014. © Bruno Levy pour JA

Guy Maurice, directeur Afrique exploration-production de Total, à Paris dans son bureau de La Defense, le 7 nov 2014. © Bruno Levy pour JA

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 3 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Avec des cours autour de 50 dollars le baril de brut, quel est votre état d’esprit ?

Chez Total, nous nous sommes mobilisés tôt pour faire face, et nous nous préparons à un environnement difficile pendant plusieurs années. Christophe de Margerie, dont nous honorons la mémoire un an après sa disparition, avait appelé l’industrie à contenir ses coûts dès le début de l’année 2014. Il était conscient du fait que le baril à 100 dollars ne durerait pas. À l’époque il n’avait pas été beaucoup entendu.

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Aujourd’hui, après une période de déni, l’industrie et ses partenaires ont compris que nous allions rester à court ou moyen terme sur un prix du baril relativement bas.

Le mot d’ordre est donc toujours de contenir vos coûts ?

Chez Total, nous avons coupé un certain nombre de dépenses sur les coûts de développement des projets décidés, de 10 % à 30 % selon les segments. Pour nos coûts d’exploitation, nous cherchons à être créatifs. En Angola par exemple, nous réfléchissons à faire passer de 200 à 100 personnes les équipages de chacun de nos quatre FPSO (barges de production et de stockage en mer), c’est une vraie révolution !

Comptez-vous aussi obtenir des gouvernements un assouplissement des règles portant sur le contenu local [emploi et sous-traitance dans le pays] quand celles-ci renchérissent les coûts ?

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L’aspiration au contenu local est légitime. À chaque étape du développement industriel, les gouvernements montent la barre de leurs exigences, et nous le comprenons. Nous avons d’ailleurs beaucoup progressé : alors que pour la fabrication d’un FPSO, seules 1 ou 2 millions d’heures étaient travaillées dans le pays d’extraction il y a quelques années, nous en sommes aujourd’hui à 12 ou 13 millions d’heures au niveau local !

Nous ne reviendrons pas sur nos engagements pris, mais pour l’avenir, on ne peut pas continuer au même rythme dans ce contexte difficile. Il doit y avoir une réflexion ouverte sur le sujet. Il est important que tous les acteurs de la filière soient conscients qu’il y a des efforts à faire, que ce soit du côté des compagnies pétrolières comme de celui des États.

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Quelles sont les prévisions de Total pour l’Afrique dans cette conjoncture difficile ?

En 2015, nous devrions produire à peu près la même chose qu’en 2014, soit autour de 650 000 barils par jour sur l’année. Mais en 2017, nous monterons à 800 000 barils par jour, avec l’entrée en production de nos grands projets en cours de développement : Moho Nord au Congo Brazzaville dont le démarrage est prévu pour 2016-2017, et Kaombo en Angola et Egina au Nigeria attendus en 2017-2018. Les deux premiers projets sont bien dans les temps. Le troisième, Egina, a connu quelques retards liés aux chantiers Coréen de Samsung, chargés de fabriquer les premiers composants, mais le décalage du planning ne sera pas conséquent.

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