Démissions à la Ceni en RDC : après Malumalu et Mpungwe, à qui le tour ?

Président de la commission électorale nationale indépendante (Ceni) en RDC, l’abbé Apollinaire Malumalu a rendu son tablier le 10 octobre. Alors que la désignation de son remplaçant se fait attendre, André Mpungwe, jusqu’ici vice-président et président intérimaire de la Ceni, a démissionné à son tour fin octobre. Et cela ne pourrait être que le début…

Abbé Apollinaire Malumalu, ancien président de la Ceni. © Gwenn Dubourthoumieu/J.A.

Abbé Apollinaire Malumalu, ancien président de la Ceni. © Gwenn Dubourthoumieu/J.A.

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Publié le 4 novembre 2015 Lecture : 3 minutes.

À la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) depuis juin 2013, l’ecclésiastique catholique, soupçonné par ses détracteurs d’être proche du pouvoir, a démissionné pour raisons de santé. Qui pour le remplacer ? Conformément à la loi qui régit la Ceni, son président doit venir d’une formation religieuse. Et elles sont sept, sur huit, à avoir jeté leur dévolu le 21 octobre sur Corneille Nangaa, jusqu’ici secrétaire exécutif national adjoint de la Ceni. Seule l’Église catholique, ouvertement opposée au prolongement du mandat du président Joseph Kabila, n’a pas soutenu sa candidature.

« Les évêques ont refusé de cautionner ce choix parce que Nangaa se présentait comme catholique alors qu’il a fréquenté des Églises dites de réveil en Côte d’Ivoire », confie un proche de Malumalu. « Selon eux, ce comportement remet en cause sa probité morale », ajoute-t-il.

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Âgé de 45 ans et économiste de formation, Corneille Nangaa semble pourtant disposer de toute l’expérience nécessaire pour occuper un tel poste. Il a en effet participé aux travaux de la Commission électorale indépendante de son pays en 2005 et 2006, puis entre 2007 et 2010, avant de rejoindre la Ceni, en 2013. Sa désignation doit être entérinée par l’Assemblée nationale avant qu’il soit nommé officiellement par le président de la République.

Des départs en cascade à la Ceni ?

En attendant, fin octobre, André Mpungwe, vice-président de la Ceni, qui exerçait depuis plusieurs déjà les fonctions de président intérimaire, a démissionné pour des raisons de « convenance personnelle ». Officiellement en tout cas. Car dans son entourage, l’on laisse entendre que ce cadre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, principale formation politique de la coalition au pouvoir) subissait des « pressions de la part du gouvernement et de certains ténors de son parti ». Dans le viseur : le Premier ministre Augustin Matata et l’un de ses vice-Premiers ministres Évariste Boshab, ancien secrétaire général du PPRD.

La démission de André Mpungwe, réputé proche d’Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale,  dont il était l’un des conseillers, remet sur la table la question de la reconstitution de l’ensemble du bureau de la Ceni. Depuis plusieurs mois en effet, des voix s’élevaient au sein de l’opposition politique, voire dans certains partis de la coalition au pouvoir et les organisations de la société civile, pour exiger le remplacement de leurs représentants devenus incontrôlables, le bureau et la plénière de la Ceni étant composés des membres issus de différentes composantes (6 de la majorité, 4 de l’opposition et 3 issus de la société civile).

La classe politique doit se mettre rapidement autour d’une table.

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À en croire des sources proches de la Ceni, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’Étienne Tshisekedi exige par exemple la démission de Jean-Pierre Kalamba, rapporteur principal de la Ceni. Il avait été proposé à ce poste par Samy Badibanga, président du groupe parlementaire UDPS et alliés, alors que le leader du parti prônait lui le boycott des institutions de la République après la réélection de Joseph Kabila en 2011.

« Aujourd’hui, Félix Tshisekedi, fils du président de l’UDPS, qui essaye de prendre de l’ascendant sur les autres cadres du parti, voudrait placer quelqu’un en qui il a confiance au bureau de la Ceni », confie un conseiller au bureau de l’institution électorale. Gustave Omba, membre de la Ceni chargé de suivi de l’éducation civique de la société civile, cadre de l’Union pour la nation congolaise (UNC) de l’opposant Vital Kamerhe, serait également « sous pression ». « Son parti lui demande de démissionner », soutient notre source.

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Même son de cloche au Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba. La nouvelle secrétaire générale du parti, Ève Bazaiba, voudrait la tête de Micheline Biye qui occupe actuellement le poste du questeur adjoint au bureau de la Ceni. Motif : elle avait été désignée par Thomas Luhaka, alors secrétaire général du MLC, « auto-exclu » du parti pour avoir été nommé vice-Premier ministre dans le gouvernement Matata II.

« Avec ces départs en perspective, il revient à la classe politique congolaise de se mettre rapidement à la table pour doter la Ceni d’un leadership », lance un membre de la commission électorale, soulignant que « la partie technique et opérationnelle de la machine électorale, gérée par un secrétaire national exécutif qui ne provient d’aucune composante politique, n’est pas affectée par ces démissions au bureau de la Ceni ». Pour l’instant.

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