Piratage : intraitable Sage

L’éditeur britannique de logiciels Sage a fait de la lutte contre le piratage une priorité. L’enjeu est de protéger son activité sur le continent, le marché le plus dynamique au monde.

En 2012, la société compte imposer sa nouvelle gamme incluant des services en ligne. © Wilfried Maisy/REA

En 2012, la société compte imposer sa nouvelle gamme incluant des services en ligne. © Wilfried Maisy/REA

Julien_Clemencot

Publié le 19 juin 2012 Lecture : 3 minutes.

Moins violents que les flibustiers des golfes d’Aden ou de Guinée, mais tout aussi dangereux, des pirates sévissent dans le secteur informatique. Selon l’éditeur de logiciels Sage, 80 % des programmes utilisés sur le continent seraient des copies illégales. Plus question pour le groupe britannique d’accepter pareil « folklore ». Alors depuis un an et demi, il multiplie les formations pour sensibiliser les hommes de loi à ce fléau. Depuis le début de l’année 2012, quatre sessions ont eu lieu, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Gabon et au Sénégal. Comme la pédagogie seule ne suffit jamais, Sage mise aussi sur la répression, quitte à poursuivre beaucoup plus petit que lui. « Nous avons engagé des poursuites au Maroc, au Cameroun, en Algérie, ainsi qu’en Tunisie où nous espérons une décision de justice d’ici à quelques mois », explique Audrey Plantureux, responsable de la propriété intellectuelle de Sage France.

Pourquoi tant d’efforts ? Parce que le continent s’est imposé, devant l’Amérique du Sud ou l’Europe de l’Est, comme l’un des principaux marchés du groupe. Celui-ci y réalise déjà près de 9 % de son chiffre d’affaires mondial, soit un peu moins de 140 millions d’euros en 2011. Il entend doubler ce montant dans les cinq ans. Quand la croissance de son revenu plafonne à 4 % en Europe, en Afrique, elle marque les esprits avec 15 %. « Dans le classement des 500 premières entreprises du continent publié par Jeune Afrique, la moitié sont nos clientes », explique Fabien Poggi, directeur export de Sage France chargé de l’Afrique francophone et de ses 60 000 clients.

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Catalogue

Logiciels de comptabilité, de gestion commerciale ou des ressources humaines, progiciels de gestion intégrés (ERP), le groupe propose sur le continent tous les produits de son catalogue. Pour 2012, son objectif consiste à imposer sa nouvelle gamme incluant des services en ligne. « En Afrique, 93 % de nos clients sont connectés quotidiennement, presque autant qu’en Europe, et la prise en compte de la mobilité des cadres est une attente de plus en plus forte », explique Fabien Poggi.

La croissance du revenu du groupe plafonne à 4 % en Europe. En Afrique, elle atteint 15 %.

Si le chiffre d’affaires de Sage sur le continent est réparti à parts presque égales entre les multinationales, les entreprises locales et le secteur public, l’éditeur reconnaît faire face à une forte concurrence sur le segment des grands groupes. En revanche, Fabien Poggi assure qu’il profite plus que les autres de la croissance de l’économie locale. « Contrairement à SAP [l’allemand leader mondial du secteur, NDLR], notre évolution s’est faite en proposant d’abord des logiciels par métier avant de construire une solution globale. Cela explique notre forte implantation dans les PME », rappelle-t-il. Les programmes ont été modifiés pour tenir compte des habitudes africaines, en incluant par exemple la gestion du paiement des salaires en liquide avec un comptage des billets ou la possibilité de suivre informatiquement les prêts avec intérêts accordés aux employés.

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Les pouvoirs publics constituent une autre source importante de croissance pour le groupe britannique. « Contrairement à l’Europe, où ils cherchent des produits spécifiques, en Afrique, les États sont intéressés par des solutions créées d’abord pour le secteur privé », souligne le directeur export de Sage France.

Son plan de développement sur le continent passe aussi par l’ouverture de nouvelles représentations – aux côtés de celles installées en Afrique du Sud, au Botswana, en Namibie et au Maroc – pour renforcer sa distribution. Côté anglophone, un bureau est en cours d’ouverture au Kenya, tandis que dans la zone francophone, la Tunisie et la Côte d’Ivoire figurent en haut de la liste des points de chute envisagés. 

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