Burundi : les États-Unis dénoncent « un langage de l’horreur que la région n’a plus connu depuis 20 ans »

Washington a fait part de son inquiétude concernant l’escalade des violences au Burundi. En cause : l’ultimatum lancé par Pierre Nkurunziza aux insurgés, leur demandant de rendre les armes d’ici samedi. Mais aussi la rhétorique utilisée, ressemblant dangereusement, selon les États-Unis, à celle utilisée lors du génocide rwandais.

Des soldats burundais lors des élections législatives de juin 2015. © Gildas Ngingo/AP/SIPA

Des soldats burundais lors des élections législatives de juin 2015. © Gildas Ngingo/AP/SIPA

Publié le 6 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

La sonnette d’alarme a été tirée par Samantha Power, ambassadrice américaine auprès des Nations unies. « Les États-Unis expriment leurs grandes craintes que cet ultimatum de cinq jours émis par le président ne déclenche des violences à partir du weekend prochain », s’est-elle inquiétée jeudi 5 novembre dans un communiqué.

Une crainte renforcée par le vocabulaire utilisé par les autorités burundaises. Dans le viseur de Samantha Power, les propos tenus dimanche 1er novembre par le chef du Sénat, Révérien Ndikuriyo, devant ses partisans. « Si vous entendez le signal avec une consigne que ça doit se terminer, les émotions et les pleurs n’auront plus de place ! », avait-il affirmé, lors d’une conversation qui n’était pas destinée à être enregistrée. Avant d’utiliser le terme « travailler », une expression qui avait servi de consigne lors du génocide rwandais, en 1994.

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« Exterminer »

La référence n’a pas échappé aux États-Unis, qui ont exprimé leur vive inquiétude, dénonçant par la voix de Samantha Power « un langage de l’horreur que la région n’a plus connu depuis 20 ans ». « Des mots dangereux utilisés par le président du Sénat – ‘exterminer’, ‘pulvériser’ – le risque d’une plus grande violence », a-t-elle indiqué sur son compte twitter.

Ces propos « renvoient aux pires heures que la région ait connues »

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Même inquiétude du côté du l’Union africaine (UA). La présidente de la commission de l’UA, Nkosazana Dlamini Zuma, a également dénoncé les violences qui gangrènent le pays, fustigeant par ailleurs les propos tenus par Révérien Ndikuriyo. Des déclarations selon elle susceptibles d »«aggraver la situation et de créer une plus grande instabilité ».

Face à la dégradation de la situation au Burundi, les inquiétudes se multiplient. L’envoyé spécial des États-Unis dans la région des Grands Lacs, Tom Perriello, a estimé sur RFI ce vendredi 6 novembre que « le Burundi prend le chemin de l’affrontement ». Ce dernier s’est montré très inquiet et pessimiste quant aux propos tenus par la président du sénat burundais : « Les autorités parlent aussi de réponses coordonnées qui renvoient aux pires heures que la région ait connues ».

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