Togo : deux morts dans des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre à Mango

C’est une banale décision des autorités togolaises de réhabiliter la faune et la flore de Mango, ville située à 520 km au nord de Lomé, qui a suscité la colère des populations. De violents affrontements ont opposés vendredi des manifestants aux forces de l’ordre, faisant deux morts et une vingtaine de blessés.

Les populations de Mango ne veulent plus entendre parler de « faune » dans leur localité. © DR

Les populations de Mango ne veulent plus entendre parler de « faune » dans leur localité. © DR

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 6 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Le bilan des violences dans la ville de Mango, vendredi 6 novembre, n’est pas encore officiel. Mais de sources hospitalières, on dénombre une vingtaine de blessés. Un communiqué publié en milieu de journée par l’Alliance nationale du changement (ANC), principal parti de l’opposition, fait état de deux morts et de 23 blessés. Du côté des autorités, seul le lieutenant-colonel Awade, préfet de l’Oti s’est pour le moment exprimé sur les événements. Il a confirmé le bilan des deux morts, expliquant que les victimes avaient tenté d’arracher leurs armes aux forces de l’ordre.

Tout est parti d’une décision des autorités de réhabiliter la faune et la flore de la préfecture de l’Oti et de ses environs. Selon le préfet, il s’agit d’une marche interdite, organisée par une association non reconnue, qui a dégénéré. La foule qui s’est regroupée tôt vendredi matin à Mango voulait « protester contre une décision dont l’application par le passé avait causé beaucoup de frustrations dans la préfecture », témoigne un manifestant. Les échauffourées se sont poursuivis toute la matinée avant qu’un important dispositif de forces de l’ordre appelé en renfort ne vienne imposer le calme dans la ville.

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Blessures du passé

La révolte des populations de Mango contre la réhabilitation de la faune et de la flore résulte, comme l’explique un natif de la localité, d’un « traumatisme profond lié à l’application de mesures draconiennes » dans les années 1980 pour la protection de l’environnement dans cette zone. À l’époque, les agents chargés de la surveillance des espaces et espèces protégés faisaient preuve d’un zèle inouïe qui avait contribué à envoyer de nombreuses personnes derrière les barreaux. La surveillance s’effectuait jusque dans les casseroles des riverains. Jusqu’au début des années 1990 où, à la faveur de l’ouverture du pays à la démocratie, les populations ont repris les périmètres réservés à la faune.

Aujourd’hui, les autorités tentent de reprendre ces espaces occupés illégalement pour y réhabiliter la faune et la flore. L’opposition, notamment l’ANC « condamne avec la plus grande fermeté cette violence d’un autre âge et demande aux autorités d’y mettre fin immédiatement ». Candidat malheureux à la dernière présidentielle, le professeur Aimé Gogué a également déploré la « répression », souhaitant que les populations soient indemnisées et relogées.

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