Paul Kagamé accuse les dirigeants burundais de « massacrer leur population »

Le président rwandais Paul Kagamé s’est inquiété de la situation au Burundi voisin, englué depuis six mois dans une grave crise politique, accusant ses dirigeants de « massacrer » du « matin au soir » leur population, dans un discours prononcé vendredi dont l’AFP a eu connaissance dimanche.

Paul Kagamé est hostile depuis le début au passage en force de Nkurunziza. © Steven Senne/AP/SIPA

Paul Kagamé est hostile depuis le début au passage en force de Nkurunziza. © Steven Senne/AP/SIPA

Publié le 8 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

« Les gens meurent tous les jours, les cadavres jonchent les rues. Comment des dirigeants peuvent-ils s’autoriser à massacrer leur population du matin au soir ? », a déclaré Paul Kagamé lors de ce discours prononcé à l’occasion d’un dîner de remise de prix de l’Unity Club à Kigali.

Paul Kagamé s’exprimait 24 heures avant l’expiration de l’ultimatum lancé par le président burundais Pierre Nkurunziza à ses opposants pour qu’ils déposent les armes, et alors que les relations entre les deux pays voisins sont au plus bas.

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Bujumbura accuse Kigali de soutenir ses opposants, voire de servir de base arrière à une rébellion naissante.

Le Rwanda s’inquiète du retour depuis plusieurs mois d’une possible présence de rebelles hutu des FDLR au Burundi, dont certains membres sont accusés d’avoir activement pris part au génocide au Rwanda en 1994 et d’éventuels massacres ethniques à grande échelle chez son voisin.

Les violences au Burundi inquiètent fortement la communauté internationale – dont Washington et l’ONU – qui redoute des violences ethniques à grande échelle, provoquées par les propos « incendiaires » du camp du président Pierre Nkurunziza, désireux de mettre fin à la contestation agitant son pays.

En outre, le président rwandais a estimé que la situation au Burundi « rappelle un peu celle qui a prévalu ici » au Rwanda en 1994 lors du génocide, qui en à peine 100 jours à partir d’avril 1994 a fait environ 800 000 morts essentiellement parmi la minorité tutsi.

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« Ils (les Burundais) auraient dû tirer les leçons de ce qui s’est passé ici, » a-t-il déclaré. Il a également vivement critiqué son homologue burundais, Pierre Nkurunziza qui selon lui « s’enferme » et « se cache ».

« Personne ne peut l’atteindre pour lui parler, comment peut-il prétendre diriger le pays ? », a-t-il critiqué. « Les dirigeants du Burundi se targuent d’être des hommes de Dieu, certains sont même pasteurs », a poursuivi Paul Kagamé.

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Le président burundais est pasteur évangéliste convaincu d’être au pouvoir de par la « volonté divine ». « Mais en quel Dieu croient-ils? Y-a-t il un endroit dans la Bible où les dirigeants sont appelés à massacrer leur peuple? », a ajouté le président rwandais.

Paul Kagame faisait allusion aux accusations d’ingérence pesant sur le Rwanda et renvoyé le Burundi à ses propres problèmes : « Ce sont les Burundais eux mêmes qui sont responsables de leur situation », évoquant « ces mauvais dirigeants qui font du mal à leur peuple ».

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