Carlos Slim, l’insatiable

Avant de s’attaquer à l’Afrique, le mexicain Carlos Slim, l’homme le plus riche au monde, reprend des entreprises européennes surendettées. Portrait.

Lors d’une rencontre dans le cadre de la Journée mondiale de l’environnement, en 2009, à Mexico. © Israel Leal/AP/SIPA

Lors d’une rencontre dans le cadre de la Journée mondiale de l’environnement, en 2009, à Mexico. © Israel Leal/AP/SIPA

Publié le 14 juin 2012 Lecture : 3 minutes.

Trente ans après, l’homme d’affaires mexicain tourne son regard vers la zone euro. Le 8 mai, sa société América Móvil, premier opérateur téléphonique d’Amérique latine, a annoncé son intention de faire passer sa participation dans le capital de KPN, un groupe néerlandais en difficulté, de 4,8 % à au moins 28 %. Coût de la transaction, pour l’instant rejetée par KPN : 3,2 milliards d’euros. « Personne ne parie sur l’Europe, mais Slim voit les choses de manière évolutive. Il anticipe souvent ce qui va se passer », commente le magazine Forbes.

Une stratégie éprouvée de longue date. En 2002, l’arrivée au pouvoir au Brésil du socialiste Luiz Inácio Lula da Silva ayant provoqué un début de panique et un effondrement des prix, Slim s’était lancé à la conquête du marché local des télécoms. Celui-ci est aujourd’hui florissant. Un an auparavant, il avait profité de la débâcle financière en Argentine pour se placer en pole position sur le marché…

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Son empire des télécoms compte 246 millions d’abonnés sur le continent américain.

Ingénieur civil de formation et ancien professeur d’algèbre, il lit un bilan financier comme d’autres la page des sports d’un quotidien. Chaque jour il reçoit des informations sur les quelque deux cents sociétés qui composent son empire. Plus surprenant compte tenu de sa position, Slim est un homme discret. Lors d’un dîner d’État à la Maison Blanche, en 2007, un convive le vit avec effarement prendre place dans un bus affrété pour l’occasion par les autorités américaines : « Il aurait pu faire une arrivée de rock star, mais non, il était là, attendant patiemment le bus, sans un garde du corps à l’horizon. » Miguel Alemán Velasco, son ami depuis quarante ans, se souvient d’avoir, dans les années 1990, tenté de le convaincre d’acquérir une Mercedes-Benz blindée. « Le Mexique devenait de plus en plus dangereux, mais Carlos ne voulait pas le voir », explique-t-il. Sa simplicité n’est pas affectée. Veuf depuis 1999, il mange avec ses six enfants deux fois par semaine, et il n’est pas rare que ses petits-enfants passent chez lui après l’école. Il a conservé la maison de ses parents et possède la même Cadillac 1941 que son père.

Flair

Introduit dans le monde des affaires par ce dernier, lui-même entrepreneur, il a très vite fait la démonstration de son flair et enchaîné les réussites. Mais c’est le rachat, en 1982, de Cigatam, une société de tabac qui dégage d’énormes liquidités, qui lui a permis de faire son entrée dans le cercle des super-riches. Et de financer ses acquisitions ultérieures, comme Teléfonos de México, en 1991. Ses détracteurs l’accusent de s’être servi de la position dominante de cet ex-monopole d’État pour maintenir des prix élevés et décourager toute concurrence, ce qu’il nie. Ils lui reprochent aussi d’avoir accumulé une immense fortune dans un pays où la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Récemment, les autorités de la concurrence ont tenté de lui infliger une amende de 1 milliard de dollars en raison du monopole détenu par América Móvil et de la redevance d’interconnexion qu’il a imposée aux autres opérateurs. Elles y ont renoncé.

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Aujourd’hui, son empire des télécoms compte pas moins de 246 millions d’abonnés en Amérique. « Peu importe, dit-il, que je sois le plus riche, ou l’un des plus riches au monde, je n’emporterai rien dans la tombe. » En attendant, Carlos Slim accumule les richesses à une vitesse vertigineuse.

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© Financial Times et Jeune Afrique 2012

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