Immigration : un Britannique risque la prison pour avoir sorti une enfant de la « jungle » de Calais

Rob Lawrie risque jusqu’à cinq ans de prison et 30 000 euros d’amende. Son crime, selon la justice française qui le jugera en janvier : avoir tenté de faire sortir une enfant afghane de quatre ans du camp de réfugiés de Calais, afin de lui faire rejoindre sa famille au Royaume-Uni.

Le 7 novembre à Calais, dans le plus grand camp de réfugiés en France. © Markus Schreiber/AP/SIPA

Le 7 novembre à Calais, dans le plus grand camp de réfugiés en France. © Markus Schreiber/AP/SIPA

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 10 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

La galle. Le froid. L’humidité. Les privations. Dans l’enfer de Calais, où le plus grand bidonville d’Europe, mal nommé la « Jungle », « accueille » désormais quelque 6 000 réfugiés, le quotidien n’en finit plus d’empirer. À 50 kilomètres des côtes britanniques, un véritable drame humanitaire se joue, dans l’indifférence quasi-totale des pouvoirs publics.

Ce constat, Rob Lawrie, un ex-soldat britannique de 49 ans, l’a lui-même fait en septembre dernier. Lorsqu’il découvre à la une des journaux les photos du petit Aylan Kurdi – cet enfant syrien retrouvé mort sur une plage turque – Rob Lawrie décide de quitter son travail pour apporter sa pierre à l’édifice. Il choisit pour cela de se rendre à Calais, où les quelques associations et ONG présentes dénoncent depuis de nombreux mois la situation catastrophique.

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« Je savais ce que je devais faire »

Rob Lawrie crée alors un groupe d’entraide pour récolter des vêtements et de la nourriture. Faisant régulièrement le voyage vers le nord de la France, il aide également à construire sur place des cabanes de fortune, à base de palettes et de matériaux de récupération. C’est alors qu’il rencontre Bahar Ahmadi et son père, Reza Ahmadi.

Ce dernier, menacé par les Talibans, a quitté l’Afghanistan en espérant rejoindre, avec sa fille de quatre ans, Bahar, une partie de sa famille établie à Leeds. Il sollicite à plusieurs reprises l’aide de Rob Lawrie afin de faire « passer » sa fille. Le Britannique refuse tout d’abord. Avant de finalement céder.

« Je lui avais toujours dit non. Puis, lors de mon dernier voyage, nous étions assis autour d’un feu de camp et Bahar est venue se blottir sur mes genoux. Toute rationalité m’a quitté et je savais ce que je devais faire », explique-t-il aujourd’hui au quotidien britannique The Independent. Il décide en effet de cacher la petite dans un des compartiments de son van, au-dessus du siège du conducteur, pour lui faire passer la frontière.

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Pas « une nuit de plus »

La supercherie sera découverte par des chiens renifleurs, qui repèrent également deux Érythréens cachés, à l’insu de l’ancien soldat, à l’arrière de la camionnette. Arrêté au contrôle des frontières à Calais, il est alors accusé d’aide à l’immigration illégale, un crime passible, en vertu du droit français, d’une peine maximale de cinq ans de prison et d’une amende de 30 000 euros.

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« Je sais que j’ai commis un crime. Je ne pouvais pas laisser passer Bahar une nuit de plus dans cet endroit horrible. Et quand vous avez vu ce que j’ai vu [dans la jungle], toute pensée rationnelle sort de votre tête », se justifie-t-il, alors qu’une pétition en sa faveur a déjà recueilli 40 000 signatures en France et 45 000 au Royaume-Uni.

Actuellement en liberté sous caution, Rob Lawrie doit être jugé à Boulogne-sur-Mer, à une trentaine de kilomètres de Calais, le 14 janvier. La petite Bahar, enfant afghane de quatre ans, n’a, quant à elle, toujours pas retrouvé la famille qui l’attend de l’autre côté de la Manche.

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