Art Melody : « Le peuple burkinabè peut se mettre debout, c’est un acquis »

Entretien avec le rappeur burkinabè Art Melody à l’occasion de la sortie de son quatrième album, « Moogho ».

Le rappeur Art Melody.

Le rappeur Art Melody.

Publié le 12 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Depuis la sortie de son précédent disque il y a deux ans, Wogdog Blues, le rappeur burkinabè Art Melody aura vu son pays se lever comme un seul homme à deux reprises pour empêcher la confiscation du pouvoir. Écrit avant, pendant et après l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui a chassé Blaise Compaoré de la présidence, Moogho (Tentacules records) donne aujourd’hui à entendre la bande son des quartiers ouagalais, d’une jeunesse optimiste et assoiffée de justice sociale et politique.

Jeune Afrique : pouvez-vous nous expliquer le sens du nom de votre nouvel album, Moogho ?

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Art Melody : « Moogho » signifie « monde » et explore les liens entre les différents styles musicaux, les différents pays et les époques. J’ai travaillé avec des artistes venus du monde entier comme Jimi Tenor (Warp), Labelle (La Réunion), Afrikan Sciences (New York), Less, Polonais du groupe expérimental Kirk, avec les beatmakers H-Man et 76Os, ou encore Redrum, producteur de mes précédents albums.

Comment est né le projet de ce nouvel album ?

J’ai commencé à composer avant, pendant et après l’insurrection populaire au Burkina Faso. Dans ce disque, je décris comment vit le Burkina depuis 27 ans. Je parle du déni des problèmes et du risque d’explosion. L’idée de départ était donc de dire aux responsables politiques qu’ils ne pourront pas tromper le peuple tout le temps. Et dans les textes écrits après l’insurrection, il s’agit de dire que ce ne sont pas les politiques qu’il faut changer, mais le système.

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Êtes-vous optimiste quant à l’issue des élections législatives et présidentielle du 29 novembre ?

Il y a une lueur d’espoir, mais nous continuerons à nous battre. Avec l’insurrection, une graine a été plantée et il faut continuer à l’entretenir : le peuple peut se mettre debout, c’est un acquis. Le pouvoir ne devra plus être concentré entre les mains d’un poignée de personnes. La jeunesse doit mener une campagne dans ce sens.

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Dans un tel contexte de changements, impossible de ne pas penser à Thomas Sankara. Que retenez vous de lui, de son héritage ? 

C’était un leader avec une vision panafricaine, et ses idées sont plus fortes que des slogans. Ce que l’on retient de lui, c’est un comportement, une manière de vivre. C’est en quelque sorte grâce à lui que nous avons pu voir cette insurrection populaire.

Cover de l’album « Moogho ». © Akwaaba Music / Tentacule records.

Cover de l’album « Moogho ». © Akwaaba Music / Tentacule records.

Le candidat des sankaristes, Benewende Sankara, a-t-il une chance de tirer son épingle du jeu aux prochaines élections ?

Il ne suffit pas de prononcer ce nom pour se faire un nom au Burkina. Les partis, quels qu’ils soient, ont intérêt à présenter des projets fiables. Nous allons faire campagne pour la population ne commette pas les mêmes erreurs que dans le passé.

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