Nigeria: une manifestation d’indépendantistes biafrais dispersée par la police
La police a procédé à des tirs de sommation et lancé des grenades lacrymogènes mardi pour disperser plusieurs centaines de Biafrais qui manifestaient pour la libération d’un militant de la cause indépendantiste à Port Harcourt, dans le sud-est du Nigeria, ont rapporté des habitants.
Des hélicoptères ont également survolé Port Harcourt, selon des témoins.
La police de l’Etat de Rivers, dont Port Harcourt est la capitale, a confirmé la manifestation mais nié les tirs et l’utilisation de grenades lacrymogènes.
« Des mesures ont été mises en place pour gérer la situation de telle sorte que la paix publique ne soit pas troublée et que la vie et les biens soient protégés », a déclaré le porte-parole de la police, Ahmad Muhammad, sans donner davantage de précisions.
Cette marche impliquant l’organisation du Peuple indigène du Biafra (IPOB) est la dernière en date d’une série de manifestations qui se sont tenues la semaine dernière dans des Etats du sud du Nigeria malgré l’interdiction de la police.
Ces groupes soutiennent la création d’un Etat biafrais indépendant, une revendication déjà à l’origine d’une féroce guerre civile il y a cinquante ans. Ils réclament également la libération de Nnamdi Kanu, accusé d’être un des soutiens de l’IPOB et directeur de la station pirate Radio Biafra.
M. Kanu a été arrêté en octobre, quelques mois après que le gouvernement eut interdit la radio à laquelle il reproche la diffusion de « messages de haine infects ».
La police fédérale avait annoncé la semaine dernière un accroissement des mesures de sécurité dans le pays, avertissant que « personne ne serait autorisé à troubler la paix de la nation ».
La multiplication des manifestations en faveur de la libération de M. Kanu a ravivé le souvenir de la déclaration de sécession du Biafra et de la guerre qui a fait plus d’un million de morts, dont beaucoup ont succombé à la faim et à la maladie, entre 1967 et 1970.
Une région lésée ?
Le Nigeria connaît depuis des tentatives sporadiques de relance du mouvement indépendantiste.
L’ethnie igbo, majoritaire dans le sud-est, se plaint d’être punie depuis la fin du conflit. Selon des militants biafrais, le Sud-Est est lésé en termes d’infrastructures (routes, eau, écoles, électricité) et les Igbo sont marginalisés en politique.
Pour le fondateur du Mouvement des jeunes Igbo, Elliot Uko, les manifestations actuelles reflètent la marginalisation ressentie par les membres de cette ethnie depuis des années.
« Ces gens qui veulent (la République du) Biafra ne croient plus au Nigeria, » a-t-il déclaré.
« L’idée de créer la République du Biafra a toujours été dans les c?urs et les esprits des jeunes, notamment ceux qui croient que les Igbo n’obtiendront jamais la justice au Nigeria (…) Ils croient que les Igbo seraient mieux dans un Etat séparé. »
Les appels à la création d’un Etat biafrais indépendant, qui se multiplient, exploitent la colère et l’amertume ambiantes, a-t-il affirmé, ajoutant que le gouvernement devait prendre en comptes les doléances et donner à l’ensemble de la population « un sentiment d’appartenance ».
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Maroc-Algérie : que contiennent les archives sur la frontière promises par Macron ?
- La justice sénégalaise fait reporter l’inhumation de Mamadou Moustapha Ba, évoquan...
- Les sextapes de Bello font le buzz au-delà de la Guinée équatoriale
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello
- Une « nouvelle conception de l’autorité » : Mohamed Mhidia, un wali providentiel à...