Fatima Beyina-Moussa : « Les compagnies du continent sont de plus en plus favorables à la libéralisation du ciel africain »
À l’issue de la 47e assemblée générale annuelle de l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA), tenue à Brazzaville du 8 au 10 novembre, Fatima Beyina-Moussa, directrice générale d’ECAir, est revenue pour « Jeune Afrique » sur les avancées enregistrées dans la libéralisation du ciel africain.
Après une année passée à la tête de l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA), Fatima Beyina-Moussa, directrice générale d’Equatorial Congo Airlines (ECAir), a passé le flambeau à Edmund Makona, directeur général de Air Zimbabwe, qui devrait organiser en 2016 à Harare la 48e Assemblée générale annuelle de l’institution. L’occasion pour la dirigeante congolaise de revenir sur les progrès réalisés en vue de la mise en œuvre de l’« accord de Yamoussoukro » censé ouvrir le ciel africain à la concurrence.
Jeune Afrique : Où en est le secteur aérien africain dans l’application de la décision de Yamoussoukro de 1999 ?
Fatima Beyina-Moussa : Il y a eu des avancées. Onze États africains* ont promis de mettre en œuvre la décision de Yamoussoukro et de libéraliser leur espace aérien à partir de janvier 2017. Cet engagement pris en janvier 2015, lors du sommet de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba, est une avancée cruciale. Ces onze pays représentent un mini-marché sur lequel les compagnies aériennes africaines pourront, à partir de 2017, opérer en toute liberté. Et à en croire la Commission de l’UA en charge de l’aviation civile qui suit de près le dossier, il y aura certainement un effet d’entrainement. Lors du prochain sommet de l’UA, d’autres États membres s’engageront à leur tour vers la libération du ciel africain.
D’où viennent les blocages ?
Il faut bien comprendre que c’est un chantier difficile. Ce ne sont pas toujours des États qui bloquent le processus, certaines compagnies aériennes nationales s’y opposent aussi. Par crainte de disparaître dans le cadre d’un marché totalement ouvert, elles dissuadent souvent leurs États à s’engager vers la libéralisation. C’est donc aussi cette perception qui doit et est en train de changer. On progresse : les compagnies aériennes du continent sont de plus en plus favorables à la libéralisation du ciel africain.
Avec le secrétariat général de l’AFRAA, nous avons beaucoup communiqué ces derniers mois auprès des compagnies aériennes africaines et du public afin que tous nous accompagnent tous dans cette démarche.
Avez-vous l’impression d’avoir réussi à faire bouger les lignes ?
À la présidence de l’AFRAA, j’ai essayé de m’entretenir avec les toutes parties qui prennent des décisions sur le sort de l’aviation en Afrique. J’ai notamment plaidé auprès de Nkosazana Dlamini-Zuma pour qu’elle s’engage aux côtés des compagnies aériennes du continent dans ce chantier de la libération du ciel africain.
Nous avons longuement parlé à Addis-Abeba durant le sommet : désormais, nous pouvons compter sur la présidente de la Commission de l’UA. Elle a été à la manœuvre pour obtenir l’engagement de 11 États et continue de travailler d’arrache-pied pour amener les autres pays à suivre cette démarche.
*Afrique du Sud, Zimbabwe, Kenya, Éthiopie, Rwanda, Congo-Brazzaville, Sénégal, Égypte, Bénin, Cap-Vert et Nigeria.
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