Affaire Borrel : d’« importants » scellés détruits, Christiane Taubira demande une enquête

Énième revers dans l’enquête sur l’assassinat il y a 20 ans à Djibouti du magistrat français Bernard Borrel : des scellés « importants » ont été détruits en décembre 2014. Selon sa famille, ce sont « environ 70 objets » qui sont concernés.

Christiane Taubira au siège européen des Nations unies à Genève en Suisse en mars 2015. © Salvatore Di Nolfi / AP / Sipa

Christiane Taubira au siège européen des Nations unies à Genève en Suisse en mars 2015. © Salvatore Di Nolfi / AP / Sipa

Publié le 12 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

En conséquence, la garde des Sceaux française, Christiane Taubira, a ordonné jeudi 12 novembre une enquête de l’Inspection générale des services judiciaires. La ministre de la Justice « prendra les décisions qui s’imposent au vu des conclusions de cette inspection », affirme le ministère dans un communiqué.

Des scellés qualifiés « d’importants », selon la famille du magistrat. Parmi ces pièces, un briquet, un short, une montre, une sandale et des bidons d’essence retrouvés sur les lieux, mais aussi des radiographies de la première autopsie effectuée sur le corps de Bernard Borrel. La destruction a été opérée à la suite d’une mention erronée dans le dossier indiquant qu’une ordonnance de non-lieu a été rendue le 19 septembre 2003.

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« Un désastre judiciaire »

« Vu l’historique de l’affaire Borrel, l’acte de malveillance ne peut pas être exclu. La mention erronée n’est ni datée ni signée ce qui soulève des interrogations », a estimé Laurent de Caunes, conseil des deux enfants du juge, lors d’une conférence de presse.

Ce dernier a été reçu en fin de matinée avec la veuve du magistrat, Elisabeth Borrel, et ses enfants par le président du tribunal de grande instance de Paris, Jean-Michel Hayat, et le procureur de la République, François Molins. Olivier Morice, avocat d’Elisabeth Borrel, a dénoncé « un désastre judiciaire qui compromet la suite de l’enquête ». Il envisage de porter plainte contre X pour faux en écriture.

« Certaines expertises ne pourront plus être menées »

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Magistrat détaché à Djibouti, Bernard Borrel avait été retrouvé mort le 19 octobre 1995, le corps en partie dénudé et carbonisé, en contrebas d’un ravin, à 80 km de la capitale. L’enquête française, ouverte depuis 1997, a d’abord privilégié la thèse du suicide. Le juge, 39 ans, se serait aspergé d’essence, aurait allumé un briquet puis dévalé une pente à pic, le corps embrasé. Elle s’est depuis réorientée sur la piste d’un assassinat.

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a demandé en septembre que de nouveaux actes soient effectués. Parmi eux, l’analyse d’une sandale et d’une trace papillaire sur un briquet et du carburant utilisé pour l’immolation. C’est à cette occasion, que la destruction des scellés a été découverte, a relevé Me Laurent de Caunes. « Certaines expertises ne pourront plus être menées. Ce qui est encore plus grave, c’est qu’aucune contre-expertise ne pourra être réalisée », a regretté Elisabeth Borrel.

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L’affaire a empoisonné pendant des années les relations entre Paris et son ex-colonie, où la France dispose d’une de ses plus importantes bases militaires à l’étranger. Et vingt ans après, l’enquête piétine. Les dernières demandes de déclassification sont restées lettre morte et l’un des suspects, Awalleh Guelleh, à l’encontre duquel un mandat d’arrêt a été délivré en 2006, est peut-être décédé.

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