Charles B. Rangel : « Le développement du continent est l’une des priorités de Barack Obama »

S’il se félicite des résultats de l’Agoa, le parlementaire new-yorkais, particulièrement engagé dans le renforcement des liens avec l’Afrique, s’inquiète de l’offensive du concurrent chinois…

Àgé de 82 ans, le démocrate siège à la Chambre des représentants depuis 1970. © Mario Tama/Getty Images/AFP

Àgé de 82 ans, le démocrate siège à la Chambre des représentants depuis 1970. © Mario Tama/Getty Images/AFP

Publié le 21 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

Personnage incontournable de la vie politique américaine, Charles B. Rangel, 82 ans, représente depuis 1970 les quartiers du nord de Manhattan, dont Harlem, à la Chambre des représentants. Controversé, le démocrate a failli être déchu de son mandat en 2010 pour manquements à l’éthique. Il est par ailleurs l’un des parlementaires les plus engagés dans le renforcement des liens avec l’Afrique.

Jeune Afrique : L’administration Obama s’intéresse-t-elle suffisamment au développement de l’Afrique ?

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Charles B. Rangel : C’est l’une des priorités de sa politique étrangère. La visite de Barack Obama au Ghana en 2009 en atteste, tout comme ses engagements en faveur du Pepfar [programme de lutte contre le sida lancé par George W. Bush, NDLR] et, depuis mai dernier, de la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition du G8. Le président devrait désormais consacrer plus de ressources au renforcement de notre présence commerciale en Afrique, notamment face à la politique d’investissement sans foi ni loi de la Chine sur le continent.

La Chine est-elle une menace pour les intérêts américains ?

Les investissements chinois en Afrique sont extrêmement préoccupants. Les entreprises d’État chinoises ne respectent aucune norme environnementale ou sociale. Leurs activités d’extraction de matières premières contribuent à la destruction des écosystèmes. Leurs investissements sans conditions sapent aussi les efforts de transparence, de bonne gouvernance et de gestion saine des ressources naturelles en Afrique.

Les entreprises africaines ont amélioré leur compétitivité en proposant des produits à plus haute valeur ajoutée.

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Quel bilan tirez-vous de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa) ?

C’est un succès et un modèle de coopération économique. Grâce à l’Agoa, les entreprises africaines ont amélioré leur compétitivité en proposant des produits à plus haute valeur ajoutée. Les gouvernements et le secteur privé africains ont aussi accru leur coopération pour renforcer les infrastructures et éliminer la paperasserie. Le Congrès doit maintenant pérenniser l’Agoa en prorogeant certaines dispositions clés, comme celle sur les tissus en provenance de pays tiers.

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Êtes-vous optimiste à ce sujet ?

Cela va faire un an que mon collègue Jim McDermott et moi-même avons soumis à la Chambre des représentants un projet de loi qui va dans ce sens. Nous proposons aussi d’inclure le Soudan du Sud dans les pays bénéficiaires de l’Agoa. Le Congrès ne l’a pas encore adopté et c’est vraiment dommage. Il ne lui reste plus que quelques semaines pour agir. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour convaincre mes collègues d’avancer sur ce dossier.

Les projets de loi visant à étendre les bénéfices de l’Agoa à des pays asiatiques très compétitifs comme le Bangladesh ou les Philippines vous préoccupent-ils ?

Les croissances économiques de l’Afrique et des pays asiatiques les plus pauvres ne s’excluent pas. Néanmoins, ces projets doivent faire l’objet d’une évaluation rigoureuse afin de réduire les risques de détournement de commerce au détriment de l’Afrique. Ce serait regrettable, à un moment où les échanges économiques entre nos deux régions, notamment dans le secteur du textile, ne font que se renforcer. 

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