Econet, leader sur la sellette ?
Econet, le premier opérateur mobile du Zimbabwe cumule les bonnes performances. Mais les investissements massifs de ses concurrents NetOne et Telecel, à la suite de la dollarisation de l’économie, menacent sa position.
Télécoms : sur la voie de la Net-économie
Si la dollarisation de l’économie en 2009 a entraîné une situation complexe où diverses devises – le dollar américain, le rand sud-africain et le pula botswanais – ont cours légal, la relance économique qui en a découlé a profité aux opérateurs de téléphonie mobile. Le taux de pénétration des portables, qui était de 11 % en 2008, atteint désormais 74 %, et les nouveaux services mobiles se multiplient depuis trois ans. Le succès fulgurant d’EcoCash est un exemple emblématique : ce service de transfert d’argent par téléphone portable proposé par l’opérateur Econet a séduit plus de 1 million de nouveaux abonnés dans les six mois qui ont suivi son lancement, en septembre. Le patron d’Econet, Douglas Mboweni, vise la généralisation de son utilisation dans les deux ans.
Avec 6,2 millions d’abonnés en mars (contre 1,85 million pour NetOne, public, et 2,2 millions pour Telecel Zimbabwe, géré par l’égyptien Orascom), le leader zimbabwéen cumule les bons indicateurs. Alors qu’à travers le continent les opérateurs se désolent du déclin du revenu mensuel moyen par utilisateur, cet indicateur est en hausse chez Econet : de 9,78 dollars (7,86 euros) en février 2011, il est passé à 10,33 dollars un an plus tard.
Mais à en croire Kalyan Medapati, analyste senior chez Informa Telecoms & Media, la position dominante d’Econet serait menacée. « NetOne comme Telecel ont investi de façon agressive dans leur réseau : Telecel a provisionné 70 millions de dollars et NetOne s’est assuré 45 millions de dollars de la China Exim Bank l’an dernier, une somme qu’il envisage de doubler cette année », affirme-t-il. Dans un environnement économique tendu, Econet a conclu des accords pour un total de 307 millions de dollars avec des financeurs chinois, européens et africains. Des fonds qui seront notamment investis dans les infrastructures de réseau et l’amélioration de l’accès à des services abordables pour les communes rurales mal desservies.
Indigénisation
La grande inconnue pour le marché zimbabwéen, c’est l’avenir de NetOne, que Harare envisage de privatiser, comme d’autres sociétés parapubliques criblées de dettes. Malgré l’intérêt que cette initiative a soulevé en 2011, aucun opérateur basé à l’étranger ne s’est porté acquéreur, probablement parce qu’une loi d’indigénisation dispose que le contrôle devra revenir aux actionnaires zimbabwéens. « Seule une participation majoritaire serait intéressante pour MTN ou Bharti Airtel, mais cela ne devrait pas être du goût du gouvernement », souligne Kalyan Medapati.
Le marché zimbabwéen des télécoms s’avère toujours plus compétitif, douze fournisseurs d’accès à internet commençant à développer leurs offres pour les particuliers. L’un d’eux, Africom, propose des appels illimités pour 10 dollars. Un autre, Broadcom, pour 15 dollars. Le marché est peut-être même mûr pour un opérateur de réseau mobile virtuel (achetant un forfait d’utilisation à un opérateur possédant un réseau pour le revendre sous sa propre marque). À suivre…
Nos profits ont augmenté de 18 % l’an dernier
Nous récoltons les fruits de tout ce que nous avons investi dans notre réseau depuis la dollarisation de l’économie en 2009, soit environ 614 millions de dollars [494 millions d’euros, NDLR]. Nous en sommes au stade du perfectionnement, mais les infrastructures essentielles sont achevées.
Les services vocaux sont encore significatifs, mais nous constatons que les transferts de données occupent une place croissante dans nos recettes (13 % en 2011). On a longtemps pensé que les abonnés “bas de gamme” n’étaient pas rentables… Mais les gens vivant en zone rurale ont des proches vivant à Johannesburg qui passent un coup de fil à une connaissance au village, ce qui nous rapporte aussi de l’argent. Propos recueillis par G.M.
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