Katanga : ces patrons qui ont sauté le pas

De l’agroalimentaire au tourisme, en passant par les services aux miniers, ces Katangais ont créé leur entreprise alors que rien ne les y prédestinait. Histoires de patrons… et de déclics.

Éric Monga. © Muriel Devey

Éric Monga. © Muriel Devey

Publié le 9 juin 2012 Lecture : 4 minutes.

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Le Katanga grandeur nature

Sommaire

Myriam Kibwe, un complexe pour petits et grands

Tous les gourmands fondent pour les glaces Miga à Lubumbashi. Outre leur fabrication, la société Miga Gelato, créée par Myriam Kibwe en 2010, inclut un service traiteur, un restaurant et un espace sportif avec piscine et terrain de jeux. Le tout installé dans le complexe commercial La Plage, dont la jeune entrepreneuse assure la gestion. Cette native du Haut-Katanga (à Kashobwe, en 1969) est rentrée à Lubumbashi en 2006 après une vingtaine d’années de travail en Belgique, où elle avait suivi des études de commerce et de gestion. Plus qu’une entreprise de restauration, Miga est un concept avant tout centré sur l’enfant. Pour avoir connu, comme toute mère, des problèmes de garde, Myriam Kibwe a même créé un service d’accueil pour les 6-11 ans pendant les vacances. Au menu, des activités sportives, des ateliers de peinture, de bricolage et de cuisine, ainsi qu’un repas et un goûter.

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Éric Monga, du conseil fiscal au labo d’analyses

Après quatre ans à la Banque centrale du Congo (BCC), puis trois comme conseiller du gouverneur provincial Augustin Katumba Mwanke, Éric Monga, économiste de formation, décide de se lancer dans les affaires. En 2001, il crée à Lubumbashi – sa ville natale – Trade Service, un bureau de conseil fiscal aux entreprises, qu’il assiste également dans leurs démarches auprès des institutions et administrations.

Dès 2002, lors de l’élaboration du code minier, à laquelle il a contribué de manière officieuse, il prend conscience du potentiel du secteur et prospecte les entreprises minières. Un succès. L’effectif de Trade Service, qui a ouvert des succursales, est passé de 2 à 64 employés aujourd’hui. Loin de s’arrêter là, Éric Monga a créé en 2008 la Société de surveillance minière (SSM), un laboratoire d’analyses dont le siège est à Likasi. Il emploie 90 personnes et porte une attention particulière à la formation de ses ingénieurs et chimistes, ainsi qu’à la mixité des équipes, constituées d’anciens cadres de la Générale des carrières et des mines (Gécamines) et de jeunes diplômés de l’université de Lubumbashi.

Isaac Sumba Maly, plus d’un tour dans son sac

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Enseignant à l’École de tourisme et d’hôtellerie de l’université de Lubumbashi, Isaac Sumba Maly est aussi chef d’entreprise. C’est lorsqu’il se spécialisait en bibliothéconomie ainsi qu’en sciences et techniques de la communication à l’Université libre de Bruxelles, à la faveur d’excursions à travers le plat pays, que ce quadra bardé de diplômes s’intéressa au tourisme et décida qu’il se lancerait sur ce créneau dès son retour à Lubumbashi (où il est né en 1964). Après avoir investi dans la reconnaissance de circuits, la formation de guides et l’édition de plaquettes, il crée Palma Okapi Tours en 2007. Seule agence opérationnelle au Katanga, la société propose des circuits écotouristiques à date fixe ou à la demande, en 4×4 ou à vélo. Le produit a séduit la clientèle, principalement en France et en Belgique, où Isaac Sumba Maly consacre d’importants moyens à la promotion de ses tours et à la participation aux salons spécialisés. Il s’attelle désormais à trouver des financements pour prospecter les marchés américain, sud-africain et asiatique, et acquérir de nouveaux équipements.

Célestine Ilunga wa Ilunga, les fruits de la passion

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À l’approche de la trentaine, cette mère de famille originaire de Kamina établie à Likasi décida en 1985, histoire de passer le temps, de cultiver un potager. Jusqu’à ce que la crise économique la contraigne, en 1992, à vendre ses produits pour nourrir ses enfants et payer leurs études, transformant le hobby en métier. En 1994, la famille s’installe à Lubumbashi et l’agricultrice passe à la vitesse supérieure. Elle achète trois champs sur la route de Kasenga, l’un de 20 ha pour le maraîchage et la culture de bananes plantain, l’autre de 200 ha pour les semences de maïs, le troisième pour les élevages piscicole et porcin. Des activités qui ont permis à Célestine de s’équiper en matériel et en moyens de transport, mais qui, au vu des difficultés rencontrées pour vendre les semences, ont été recentrées depuis deux ans sur la pisciculture et le maraîchage, aux débouchés plus sûrs.

Patrick Kandolo Ngoyi, un homme de goût

C’est pour financer ses études d’ingénieur électromécanicien à la faculté de Polytechnique de l’université de Lubumbashi que Patrick Kandolo Ngoyi s’est mis à fabriquer des yaourts nature et à la fraise. Puis il y a pris goût. En cinq ans, la production de yaourts Maro – qui est à la fois le nom de la marque et celui de la société – est passée de 20 litres par jour à 600 l/j (mis en bouteilles de 500 ml). Plus besoin de faire du porte-à-porte, ce sont les clients qui appellent à présent (des supérettes, des boulangeries, des restaurants de la commune de la Kenya…).

« J’étudie le marché, et, avec un ami, nous sommes en train de relooker nos étiquettes. Nous allons également créer un site internet », explique Patrick Kandolo Ngoyi, qui a lancé une nouvelle spécialité, au chocolat, et s’apprête également à proposer des yaourts aux mûres. Celles de sa propre production ! Il a en effet acquis un champ de 300 ha près de Likasi où, en plus des fameuses mûres, il cultive des produits maraîchers. Un moyen de financer les investissements qu’il compte faire pour porter sa production à 800 l/j, ouvrir deux nouvelles unités (à Kinshasa et à Kisangani) et, peut-être, de s’essayer à l’élevage de vaches laitières.

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