Afrique Telecom, une longueur d’onde d’avance
La PME française veut connecter l’Afrique à l’internet haut débit via le satellite. Pour cela, elle a lancé une offre low cost dévolue au continent. Les opérateurs traditionnels se laisseront-ils distancer ?
Télécoms : sur la voie de la Net-économie
Depuis son lancement, en 2005, Afrique Telecom fait le pari du satellite pour connecter l’Afrique à internet, avec la volonté d’en « démocratiser l’accès », selon Philippe Tintignac, fondateur et PDG de cette PME basée à Auxerre (France). Cette ambition se heurte toutefois au prix de la bande passante fournie par les opérateurs de satellites comme Eutelsat ou SES World Skies, et au prix du matériel vendu au client : une parabole, un modem et 30 m de câble reviennent à environ 7 500 euros.
Afrique Telecom est néanmoins parvenu à vendre 700 stations dans 22 pays d’Afrique, principalement à des administrations (notamment la présidence du Niger), des institutions et des grandes entreprises (Total, BHP Billiton…) en zone reculée ou souhaitant s’assurer une connexion fiable. Fort d’un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros en 2010, il montrait cependant des signes d’essoufflement fin 2011, avec des revenus de 2,2 millions d’euros.
Carte prépayée
Pour gagner du terrain, l’entreprise a lancé en janvier une nouvelle offre low cost, baptisée « SpaceDSL », dont elle compte écouler entre 2 000 et 3 000 unités d’ici à la fin de l’année. Vendue 750 euros, l’offre, destinée à des PME et à de riches expatriés, est couplée à une carte prépayée dont le prix varie entre 25 et 120 euros par mois selon le débit (jusqu’à 2 mégabits) et le volume de données choisi (jusqu’à 4 gigaoctets).
De quoi concurrencer les fournisseurs d’accès à internet jusque dans les grandes villes ? C’est en tout cas le souhait de Philippe Tintignac, sur fond de diminution continue du coût de la bande passante grâce à l’intensification de la couverture satellitaire au-dessus du continent. Cette nouvelle offre pourrait représenter la moitié de son chiffre d’affaires dans les deux ans à venir.
Seulement voilà : à en croire Sami Matri, consultant chez la société de conseil Sofrecom, les fournisseurs de services par satellite bénéficient d’une fenêtre de tir de trois à quatre ans, le temps que les acteurs dominants déploient leurs réseaux 3G ou WiMax jusque dans le coeur des pays. Si l’on ajoute à cela que les barrières à l’entrée sur le marché de l’internet par satellite sont assez faibles, il n’y a pas de raison que les opérateurs traditionnels se laissent distancer. S’ils décidaient de se lancer, leur connaissance des réseaux de distribution et leur présence panafricaine leur assureraient un avantage certain.
Cotation
Qu’importe. L’heure est au développement chez Afrique Telecom. La PME vient d’accueillir Arkeon Gestion à son tour de table. Cette société de gestion de portefeuilles a injecté 1 million d’euros fin 2011, et Philippe Tintignac envisage désormais une cotation sur le marché libre NYSE Euronext à l’été 2012, « plus pour faire connaître Afrique Telecom que pour lever des fonds ». S’il peut désormais toucher de riches particuliers, ses principaux clients resteront sans doute implantés dans des zones où il est difficile de déployer la fibre. En Afrique, cela lui laisse une grande marge de manoeuvre.
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