L’enquête sur les attentats sanglants de Paris progresse, un dimanche de recueillement

Gardes à vue, voiture retrouvée : l’enquête sur les attentats et la recherche d’éventuels complices progressait dimanche, une journée marquée par le recueillement et l’appel à l’unité nationale face aux attaques les plus meurtrières de l’histoire en France.

La police patrouille près de Bataclan, le 14 novembre 2015 à Paris. © Franck Fife/AFP

La police patrouille près de Bataclan, le 14 novembre 2015 à Paris. © Franck Fife/AFP

Publié le 15 novembre 2015 Lecture : 4 minutes.

Avec au moins 129 morts et 352 blessés, les attaques perpétrées vendredi soir à Paris, revendiquées par l’organisation jihadiste État islamique (EI), sont sans précédent dans le pays.

Au surlendemain de ces attentats coordonnés, menés par sept kamikazes munis de kalachnikov, tous morts dans l’explosion de leurs ceintures d’explosifs, les enquêteurs des services antiterroristes ont déjà identifié un des assaillants.

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Omar Ismaïl Mostefaï, le kamikaze français

Ce Français de 29 ans, Omar Ismaïl Mostefaï, a participé à la prise d’otages sanglante dans la salle de spectacle du Bataclan. Né à Courcouronnes (Essonne), il était fiché pour sa radicalisation islamiste depuis 2010, mais n’avait « jamais été impliqué » dans un dossier terroriste, selon le procureur de Paris, François Molins.

Il fréquentait assidûment la mosquée de Lucé, près de Chartres (Eure-et-Loir). Les enquêteurs tentent de confirmer qu’il a bien séjourné en Syrie en 2014, selon des sources policières.

Condamné à plusieurs reprises pour des délits de droit commun, il n’avait jamais fait de séjour en prison. Il a été identifié par ses empreintes, grâce à un doigt sectionné retrouvé au Bataclan, où se tenait un concert rock lors de l’irruption des jihadistes.

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Six membres de son entourage familial ont été placés en garde à vue, dont son père, un de ses frères et la femme de ce dernier. Leurs domiciles, situés respectivement à Romilly-sur-Seine (Aube) et Bondoufle (Essonne), ont été perquisitionnés samedi soir.

Et une voiture Seat noire utilisée par les assaillants et aperçue sur les lieux de deux fusillades vendredi soir a été retrouvée à Montreuil, une commune limitrophe de Paris, selon des sources policières.

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Hollande reçoit la classe politique 

Les enquêteurs ont par ailleurs mis la main, près du corps d’un kamikaze du Stade de France, sur un passeport syrien appartenant à un migrant enregistré en Grèce, selon Athènes, mais inconnu des services français.

L’enquête a aussi mis au jour une piste en Belgique, où trois personnes ont été arrêtées par les autorités. Parmi elles, l’homme qui avait loué une Polo noire utilisée par les kamikazes et retrouvée garée devant le Bataclan, théâtre de la plus meurtrière des attaques qui ont touché Paris vendredi, avec au moins 89 morts. Les terroristes y ont « évoqué la Syrie et l’Irak », selon le procureur.

Ces trois suspects ne sont pas connus des services français, a précisé le magistrat.

Selon François Molins, trois assaillants sont morts au Bataclan, trois autres se sont fait sauter près du Stade de France, où 80.000 personnes, dont le président Hollande, assistaient au match de football France-Allemagne, et un dernier boulevard Voltaire.

Les trois autres attaques ont visé des bars et restaurants notamment rue de Charonne (19 morts) et rue Alibert (15 morts). Les assaillants ont ouvert le feu à des centaines de reprises.

Après son prédécesseur Nicolas Sarkozy dans la matinée, le chef de l’Etat reçoit à l’Elysée les responsables du Sénat et de l’Assemblée et les chefs de partis pour tenter d’établir l’unité nationale. Avant de s’exprimer lundi devant le Congrès à Versailles, une première pour lui.

La journée de dimanche est placée sous le signe du recueillement, avec le début d’un deuil national de trois jours. Les cathédrales, comme Notre-Dame, sonneront le glas.

Musées et salles de spectacle resteront fermés en Île-de-France. Les écoles rouvriront lundi, jour où une minute de silence sera observée à midi partout en France.

Dix mois après les attaques contre le journal Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, qui avaient fait 17 morts, ces attentats ont réveillé de douloureux souvenirs.

Et une certaine psychose, avec des fausses alertes en série: des pneus qui éclatent se transforment en explosion de camion et des pétards à un mariage deviennent des tirs sur Twitter.

Terrasses vides, trottoirs déserts, rideaux tirés… malgré quelques irréductibles qui ont tenu à sortir pour « continuer à vivre », le silence a régné dans la nuit de samedi à dimanche dans les rues de Paris.

Fluctuat nec mergitur « On a envie de faire semblant que tout va bien, de partager, de ne pas rester tout seul », explique Benoît, 26 ans, un des rares clients au comptoir d’un pub du canal Saint-Martin, un quartier jeune et branché à deux pas des lieux du site d’une des attaques.

« Acte de guerre » 

François Hollande, qui a qualifié les attentats d’ »acte de guerre », a décidé de porter à 3.000 le nombre de renforts militaires déployés en France.

Sur le front extérieur, la France, engagée militairement en Syrie et en Irak, « frappera » Daech pour le « détruire », a renchéri le Premier ministre Manuel Valls.

En dépit de l’interdiction des manifestations à Paris jusqu’à jeudi, des centaines de personnes se sont rassemblées samedi place de la République, haut lieu de la mobilisation post-Charlie, où la devise de la capitale « Fluctuat nec mergitur » (« Il est battu par les flots mais ne sombre pas ») a été peinte en grand. Des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de province.

A travers le monde, se sont déroulées de nombreuses manifestations de solidarité avec la France. Après l’antenne de la tour du World Trade Center à New York, érigée sur le site du 11-Septembre, et l’immense tour CN à Toronto, l’emblématique Opéra de Sydney s’est paré des couleurs bleu, blanc, rouge du drapeau français, tout comme la Porte de Brandebourg à Berlin, Trafalgar Square à Londres, ou encore le Christ rédempteur surplombant Rio de Janeiro.

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