Qui est Abdelhamid Abaaoud, le Belge d’origine marocaine soupçonné d’avoir orchestré les attentats de Paris ?
L’enquête, encore en cours trois jours après les attentats de Paris, semble s’orienter vers un nom : Abdelhamid Abaaoud. Voici ce qu’il faut savoir sur ce personnage soupçonné d’avoir commandité les attaques du vendredi 13 novembre.
Le proche d’au moins un des kamikazes
Le nom d’Abdelhamid Abaaoud est apparu comme une évidence quand les enquêteurs sont parvenus à identifier l’un des kamikazes, Brahim Abdeslam, qui actionné sa ceinture d’explosifs Boulevard Voltaire, à Paris, vendredi 13 novembre. Les noms d’Abaaoud, Belge d’origine marocaine âgé de 27 ans, et d’Abdeslam apparaissent en effet ensemble à plusieurs reprises dans des dossiers criminels de droit commun, pour des faits commis à Bruxelles en 2010 et 2011.
Brahim Abdeslam et Abdelhamid Abaaoud ont tous deux vécu dans la commune bruxelloise de Molenbeek, un quartier populaire de la périphérie de la capitale belge, connue pour abriter des islamistes radicaux. Abdelhamid Abaaoud a ensuite rejoint la Syrie en 2013, avant de faire des allers-retours entre l’Europe et le Proche-Orient les deux années suivantes.
Ce même quartier de Molenbeek est soupçonné d’être la base arrière d’une des équipes ayant contribué aux attentats de Paris. Les forces de l’ordre y ont notamment multiplié les perquisitions lundi, espérant retrouver la trace de Salah Abdelslam, frère de Brahim Abdelslam, visé par un mandat d’arrêt international. Sans succès. Le troisième frère Abdeslam, Mohamed, a quant à lui déclaré aux enquêteurs qu’il ne savait pas où était Salah.
Un habitué de la Syrie
Abdelhamid Abaaoud aurait pris la direction de la Syrie il y a environ deux ans, en 2013. Depuis, il aurait fait de multiples allers-retours entre la Belgique et le Proche-Orient, au nez et à la barbe des services belges. Il est d’abord connu comme un simple soldat de l’organisation, adepte des réseaux sociaux, sur lesquels il aime exposer ses faits d’armes.
Également connu sous le pseudonyme d’Abou Omar al-Baljiki, Abdelhamid Abaaoud apparaît notamment dans une vidéo où l’État islamique se vante de commettre des atrocités, s’adressant à la caméra alors qu’il conduit un véhicule qui tire des cadavres mutilés vers une fosse commune.
Il avait également fait la une des journaux belges en 2014, après avoir enlevé son propre frère Younès, emmené en Syrie alors qu’il était âgé de 13 ans
Abaaoud aurait ensuite gravi les échelons au sein de l’organisation, qui lui aurait confié la mission d’entraîner des jihadistes pour la planification d’attentats en Europe. Il avait également fait la une des journaux belges en 2014, après avoir enlevé son propre frère Younès, emmené en Syrie alors qu’il était âgé de 13 ans, et qui a été surnommé « le plus jeune jihadiste du monde » par certains médias.
Un profil de recruteur
Abdelhamid Abaaoud est considéré en Belgique comme le cerveau des attaques déjouées en janvier à Verviers. Le Belge d’origine marocaine aurait été à l’époque à la tête d’une cellule jihadiste qui s’apprêtait à s’attaquer à des policiers ou des commissariats? Celle-ci a été démantelée en Belgique quelques jours après les attentats contre Charlie Hebdo. Il serait, peu après, retourné en Syrie, comme il l’annonçait dans Dabiq, le « magazine » en anglais du groupe terroriste État islamique.
Abaaoud aurait également été en contact ces derniers mois avec Ayoub El-Khazzani, l’auteur de l’attaque commise le 21 août dans le Thalys Amsterdam-Paris. D’autres sources affirment que des contacts existaient avec Sid Ahmed Ghlam, l’étudiant algérien de 24 ans qui projetait des attaques contre des églises de Villejuif, en région parisienne, en avril. Enfin, Abaaoud connaîtrait Mehdi Nemmouche, auteur de la tuerie du musée juif de Bruxelles le 24 mai 2014, et passé brièvement par Molenbeek à son retour de Syrie.
Un terroriste qui cible les salles de spectacles
Sur la base d’une information livrée par un jihadiste espagnol interpellé en juin dernier en Pologne, les services de renseignement français ont interpellé mi-août un certain Reda H., de retour de Syrie. En garde à vue, ce dernier a révélé avoir reçu un entraînement pour commettre des attentats en France, dont le commandement était visiblement assuré par Abdelhamid Abaaoud.
Blessé durant les exercices, Reda H. est rentré en Europe avec pour consignes de commettre un attentat. Abdelhamid Abaaoud lui aurait remis une clé USB contenant des logiciels de cryptage et 2 000 euros en lui demandant de viser une cible « facile », telle une « salle de concert », pour « faire un maximum de victimes ».
De son côté, le jihadiste espagnol avait expliqué avoir été missionné par l’État islamique pour repérer des lieux d’attentats en France et à Bruxelles, des lieux de sorties très fréquentés, pour multiplier l’impact des attaques.
Abdelhamid Abaaoud, lui, est toujours en fuite. Il pourrait avoir quitté la Syrie et se trouver actuellement en Grèce ou en Turquie, d’où il pourrait avoir organisé les attentats de Paris.
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