La BAD se projette dans le long terme

De consultations en rencontres, l’institution panafricaine affine sa stratégie pour les dix ans à venir. L’occasion pour les États bénéficiaires de critiquer son action.

L’assemblée annuelle s’est tenue à Arusha, le 31 mai et le 1er juin. © BAD

L’assemblée annuelle s’est tenue à Arusha, le 31 mai et le 1er juin. © BAD

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 21 juin 2012 Lecture : 3 minutes.

À Arusha (Tanzanie), où s’est tenue le 31 mai et le 1er juin l’assemblée annuelle du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), l’élaboration de la nouvelle stratégie à long terme (2013-2022) de l’institution panafricaine a été l’un des sujets phares des débats de son conseil consultatif des gouverneurs. Les résultats de ces travaux serviront à finaliser le texte qui régira les activités de la Banque au cours de la prochaine décennie et devra être adopté avant la fin de l’année.

D’ores et déjà, Cecilia Akintomide, sa secrétaire générale et vice-présidente, assure que « l’aide aux agriculteurs pour leur permettre de transformer leurs produits restera une priorité ». De son côté, Mthuli Ncube, l’économiste en chef de la BAD, également vice-président, explique : « Nous voulons que les ressources supplémentaires générées par la croissance enregistrée en Afrique soient utilisées pour créer des emplois. »

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En résumé, la BAD renforcera au cours des prochaines années son soutien aux économies du continent afin que la création de richesses s’accompagne notamment d’une réduction de la pauvreté et d’une baisse du nombre de chômeurs. C’est d’ailleurs la principale requête qui ressort des consultations menées par l’institution depuis le début de cette année, dans le cadre de l’élaboration de cette stratégie 2013-2022.

BAD-iconoCes discussions sont aussi l’occasion de contester, d’infléchir ou de remettre en cause les priorités de la BAD. Ainsi, consultées en mars dernier, les autorités sud-africaines estiment qu’elle « épouse trop le modèle de Bretton Woods ». D’après elles, la Banque doit davantage promouvoir, à l’avenir, les investissements à haute intensité de main-d’oeuvre, agir pour les jeunes et combattre les inégalités entre les hommes et les femmes. Car selon le dernier rapport « Perspectives économiques en Afrique », publié le 28 mai, le nombre de personnes sans emploi ne cesse d’augmenter, alors que le continent affiche depuis plus d’une décennie une croissance robuste. Et les 15-24 ans représentent 60 % des chômeurs du continent, soit 40 millions de personnes.

La principale piste citée pour faire face à ce problème reste le développement du secteur privé. Ce point était déjà une priorité dans le précédent plan d’action de la Banque (2008-2012) mais il devrait l’être encore plus dans le futur programme, selon le voeu d’une majorité de pays. Côté sud-africain par exemple, on estime que la BAD se focalise encore trop sur « des projets importants et de grandes entreprises », au détriment des petits acteurs. Même son de cloche chez les partenaires non africains qui se sont réunis à Bruxelles, en avril : « La stratégie à long terme doit regarder la transition du secteur informel vers le secteur formel. »

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Alors que le montant des prêts et dons approuvés par la Banque a augmenté en 2011 de 39,5 %, à 8,78 milliards de dollars (près de 6,8 milliards d’euros), les États d’Afrique centrale, sollicités dans le cadre d’une consultation régionale, estiment de leur côté qu’au-delà de l’appui financier, « à l’avenir, le savoir, l’innovation et les conseils seront au moins aussi importants pour l’accès au stade de pays émergent ».

Lors de la cérémonie d’ouverture de ces assemblées annuelles, Donald Kaberuka, le président de la BAD, a volontiers concédé « qu’il existe encore plusieurs domaines où beaucoup reste à faire ». Et à la direction de l’institution panafricaine, on promet d’« étudier des façons plus innovantes d’intervenir tout en s’assurant de la disponibilité des ressources pour financer les programmes ». 

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