Nigeria : comment la corruption dans l’armée mine la lutte contre Boko Haram

La lutte contre les islamistes de Boko Haram a été « minée par la corruption au sein même de l’armée nigériane », a regretté le président nigérian Muhammadu Buhari après avoir reçu un rapport d’une commission spéciale sur ce sujet.

Le président du Nigéria, Muhammadu Buhari, au sommet du G7, le 8 juin 2015. © John MacDougall/AP/SIPA

Le président du Nigéria, Muhammadu Buhari, au sommet du G7, le 8 juin 2015. © John MacDougall/AP/SIPA

Publié le 18 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Selon le rapport, qui n’a pas été rendu public, « plusieurs transactions financières illicites et frauduleuses », mettent en cause le Bureau du conseiller à la Sécurité nationale, affirme un communiqué de la présidence nigériane publié dans la soirée de mardi 17 novembre. Un organisme déjà dans la tourmente : son ancien titulaire, Sambo Dasuki, est déjà inculpé de blanchiment d’argent et de détention d’armes.

Le président Buhari, qui avait fait de la lutte contre la corruption et contre Boko Haram ses promesses de campagne, est donc passé à l’offensive. Il a ordonné aux personnes impliquées dans des contrats frauduleux, estimés à plusieurs milliards de dollars, qu’ils « rendent des comptes ».

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« Des milliers de vies innocentes de Nigérians auraient été épargnées »

« Les révélations du rapport sont extrêmement inquiétantes compte tenu que ces malversations ont eu lieu à un moment où l’armée combattant l’insurrection dans le nord-est avait un besoin désespéré d’équipements et de munitions », a jugé le président Buhari. « Si les fonds siphonnés par ces entreprises douteuses avaient réellement été utilisés dans le but auquel ils étaient destinés, des milliers de vies innocentes de Nigérians auraient été épargnées », a-t-il assuré.

Quelque 5,3 milliards de dollars avaient été alloués au Bureau du conseiller à la sécurité nationale et aux états-majors de la Défense, des armées de terre et de l’air et à celui de la marine

Selon le communiqué de la présidence, les malversations concernent particulièrement le Bureau du conseiller à la sécurité nationale, dont l’ancien titulaire, Sambo Dasuki, 60 ans, a déjà été inculpé de détention d’armes et blanchiment d’argent. Homme-clé du régime de l’ex-président Goodluck Jonathan, Sambo Dasuki avait servi comme conseiller à la sécurité de juin 2012 jusqu’à son limogeage, en juillet dernier, par le président Buhari.

Une corruption de grande ampleur 

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Quelque 5,3 milliards de dollars avaient été alloués au Bureau du conseiller à la sécurité nationale et aux états-majors de la Défense, des armées de terre et de l’air et à celui de la marine. « Il apparaît que malgré cet énorme effort financier, très peu a été dépensé pour soutenir les approvisionnements militaires », déplore encore le communiqué.

Parmi les 513 contrats étudiés, 53 se sont révélés « frauduleux ». Sambo Dasuki, selon la présidence, a « conclu des contrats fictifs et fantômes » pour un total de 2 milliards de dollars pour l’acquisition de quatre chasseurs Alpha Jet, douze hélicoptères et des explosifs et munitions, selon la présidence. Les contrats « n’ont pas été exécutés, les équipements ne sont jamais parvenus à l’armée de l’air nigériane et ne figurent pas à son inventaire », poursuit-elle.

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Sambo Dasuki a pour sa part indiqué mercredi dans un communiqué qu’il était « surpris » et « embarrassé » par ces accusations. Avant de préciser qu’il n’a jamais été invité à se présenter devant la commission. En défendant le bilan de son action, qui a coïncidé avec une vague de succès militaires contre Boko Haram depuis le début de l’année 2015, il a ajouté qu’il « laisse les Nigérians juger ».

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