Monaco et l’Afrique : petit ruisseau, grande rivière
Les apparences peuvent être trompeuses. Quoi de commun en effet, de prime abord, entre Monaco, enclave de riches, très riches, et l’Afrique, qui, bien que lancée sur la voie de l’émergence depuis bientôt dix ans, doit encore parcourir un long chemin pour espérer sortir ses populations de la pauvreté.
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Olivier Caslin
Spécialiste des transports et des questions économiques multilatérales. Il suit également l’actualité du Burundi, de Djibouti et de Maurice.
Publié le 10 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.
Monaco, cap au Sud
Dix ans après le début du règne d’Albert II, la principauté se tourne de plus en plus vers l’Afrique.
Depuis dix ans pourtant, la distance qui sépare les deux rives de la Méditerranée semble s’être considérablement réduite, et les liens paraissent s’affermir davantage. Comme si la principauté réalisait pleinement qu’elle était géographiquement « plus proche de Tunis que de Paris », ainsi qu’aime à le rappeler Michel Roger, son ministre d’État.
Elle ne découvre pas l’Afrique non plus. Depuis plus d’un siècle, de nombreuses sociétés monégasques travaillent et investissent sur le continent, en premier lieu via le port voisin de Marseille. Pourtant, un nouvel élan semble avoir été donné par le prince Albert II, bien décidé à voir jouer son petit pays dans la cour des grands depuis son accession au trône en 2005.
Les canons rouillés de la vieille citadelle ont beau être toujours tournés vers la mer qui l’encercle côté sud, Monaco ne regarde pas l’Afrique comme une menace, mais bien comme une terre d’opportunités… Sans toutefois plus d’opportunisme que les autres, chaque année plus nombreux à se bousculer au portillon des promesses de lendemains africains qui chantent, mais avec un pragmatisme certain.
En dix ans, les échanges commerciaux avec le continent, qui est aujourd’hui deuxième client du Rocher après la France, ont doublé
Vierge de tout passé colonial, la principauté n’a ni ambitions démesurées ni la taille nécessaire pour inquiéter. Ce qui ne l’empêche pas d’affirmer de plus en plus fortement son rôle de partenaire économique. En dix ans, les échanges commerciaux avec le continent, qui est aujourd’hui deuxième client du Rocher après la France, ont doublé. Le budget de l’aide au développement accordé par la principauté a été multiplié par huit, pour atteindre 16 millions d’euros l’an prochain.
C’est une goutte d’eau dans l’océan des financements accordés à l’Afrique, mais, proportionnellement, Monaco fait bien mieux en la matière que beaucoup d’autres pays. D’autant que le gouvernement princier n’est pas le seul à intervenir sur le continent.
Plus d’une cinquantaine d’organismes de solidarité internationale établis dans la principauté participent à son développement, et le secteur privé, notamment par l’intermédiaire de son tout nouveau Club des entrepreneurs monégasques en Afrique, multiplie les initiatives.
Monaco ne donne pas aux bonnes œuvres pour s’acheter une conscience
Rien à voir, donc, avec la charité bling-bling que nombre « d’observateurs », mal renseignés, imaginent. Monaco ne donne pas aux bonnes œuvres pour s’acheter une conscience. Le pays cherche bien à jouer sa partition dans le concert des nations. Il s’inscrit dans les pas de son prince et de sa princesse – sud-africaine –, qui, via leurs fondations respectives, et le plus souvent hors de la lumière des projecteurs, s’impliquent personnellement sur le continent.
Les petits ruisseaux font les grandes rivières, et celui qui coule depuis le Rocher, s’il n’est évidemment pas le plus puissant, apporte une contribution régulière, de plus en plus vigoureuse et cohérente, au développement de l’Afrique.
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Dix ans après le début du règne d’Albert II, la principauté se tourne de plus en plus vers l’Afrique.
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