Burundi : le gouvernement interdit provisoirement les principales ONG locales
Le ministère burundais de l’Intérieur a interdit provisoirement lundi 23 novembre les activités des principales organisations de la société civile burundaise. Mais dans les faits, ces organismes, dont les dirigeants sont en exil, sont déjà poursuivis pour insurrection.
En cause : leur farouche opposition au troisième mandat très contesté de Pierre Nkurunziza. Conséquence, une ordonnance du ministre de l’Intérieur « suspend provisoirement les activités de certaines organisations de la société civile, poursuivies par la justice pour leur rôle dans les crimes commis depuis le début de la contestation fin avril », a annoncé Thérence Ntahiraja, porte-parole de ce ministère.
Dix organisations sanctionnées
« Cette mesure signifie concrètement que ces ONG sont fermées, elles sont interdites de toute activité […] jusqu’à ce que la justice prenne une décision à leur sujet », a expliqué un cadre de ce ministère, sous couvert d’anonymat. Au total, dix associations sont visées par l’ordonnance, œuvrant aussi bien dans les domaines de la défense des droits de l’homme, que la lutte contre la corruption ou l’aide aux enfants.
Parmi elles : l’Association de protection des personnes détenues et des droits de l’homme (Aprodeh), le Forum pour le renforcement de la société civile (Forsc), le Forum pour la conscience et le développement (Focode), ou encore Parole et action pour le réveil des consciences et l’évolution des mentalités (Parcem).
Leurs chefs de file en exil
Les dirigeants respectifs de ces associations, Pierre-Claver Mbonimpa – figure de la défense des droits de l’homme qui a réchappé à une tentative d’assassinat début août -, Vital Nshimirimana, Pacifique Nininahazwe et Faustin Ndikumana, ont tous progressivement pris le chemin de l’exil ces derniers mois.
La mesure vise également Maison Shalom, l’association de Maggy Barankitse, qui a reçu en 2011 le prix de la Fondation Jacques Chirac pour la prévention des conflits et pour son action en faveur des orphelins de la guerre civile (1993-2006). Maggy Barankitse s’était prononcée contre le 3e mandat de Pierre Nkurunziza. Elle aussi donc dû prendre le chemin de l’exil.
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