Religion : J-1 avant la visite du pape François en Afrique

C’est sans doute, pour le moment, le voyage le plus risqué de son pontificat. En papamobile découverte dans les rues de Nairobi, Kampala ou, si la visite est maintenue, Bangui, le pape François découvrira mercredi le continent africain, où il n’est pour le moment jamais allé.

Le pape François. © AFP

Le pape François. © AFP

Publié le 24 novembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Alors que ce voyage s’inscrit dans le contexte tendu des attentats de Paris et l’attaque du Radisson, à Bamako, c’est un message de paix, de justice sociale et de dialogue entre islam et christianisme que Jorge Bergoglio, 78 ans, veut apporter en cinq jours très denses, pour son premier séjour sur le continent, du 25 au 30 novembre.

Lors de ce onzième déplacement à l’étranger, il enchaînera les visites de terrain et prononcera 19 discours. Il entendra de nombreux témoignages, notamment d’enfants soldats, de victimes du sida, des guerres et de la pauvreté.

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Une ouverture de la Porte sainte de Bangui…

Un moment très attendu sera l’ouverture le dimanche 29 novembre d’une « porte sainte » dans la cathédrale de Bangui, anticipant symboliquement de dix jours pour l’Afrique l’ouverture officielle à Rome du « Jubilé de la miséricorde ». Ce Jubilé (ou Année sainte) est censé apporter le pardon et la réconciliation dans le monde catholique et au delà.

« S’il ouvre la Porte sainte à Bangui, pour la première fois, un jubilé commencera en périphérie. C’est la meilleure synthèse du magistère de ce pape, toujours aux côtés des pauvres », a commenté le père Giulio Albanese, expert de Radio Vatican sur l’Afrique.

… si la sécurité le permet

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Même si le Vatican assure que le programme à Bangui est maintenu, les violences entre milices musulmane et chrétienne et l’insécurité pourraient toutefois contraindre le pontife à réviser ses projets au dernier moment. Le commandant de la Gendarmerie vaticane, Domenico Giani, interrogé sur la chaîne catholique italienne TV2000, a reconnu vendredi 20 novembre que le programme pourrait subir quelques « modifications » en fonction des impératifs de sécurité.

Catherine Samba-Panza, présidente de transition, pourrait annoncer ce changement, à la veille de la visite, selon une source informée. L’étape centrafricaine pourrait être concentrée en quelques heures sur l’aéroport de Bangui, que la force française Sangaris sécurise. Les autres étapes à la grande mosquée, au coeur du quartier du PK5, ainsi qu’à un centre de déplacés, au grande stade Boganda et à la cathédrale seraient alors annulées.

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« Pour le pape, une annulation de l’étape serait une défaite. Il a d’abord pensé à la Centrafrique quand il a pensé à un voyage en Afrique », confie un proche collaborateur. Pour des centaines de milliers de Centrafricains, mais aussi Congolais ou Camerounais attendus, une annulation serait une déception amère.

Gangrène de la corruption

Auparavant, le pape François se rendra en Afrique anglophone, au Kenya et en Ouganda, deux pays où 32 et 47 % de la population sont catholiques. Au Kenya, que Jean Paul II avait visité trois fois, comme en Ouganda, premier pays africain visité par un pape, Paul VI, en 1964, François devrait lancer un message fort contre l’inégalité et la corruption qui gangrène la société, la classe politique et l’Église.

Il se rendra dans le grand bidonville de Kangemi à Nairobi, où il rencontrera les mouvements populaires engagés contre la pauvreté, et dans un centre caritatif à Nalukolongo en Ouganda. « Le problème de l’exclusion sociale est fragrant dans ces deux pays. Au Kenya, 75% de la richesse est détenue par 1% de la population », a relevé le père Albanese. À Nairobi, son discours devant le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’ONU-Habitat est très attendu à quelques jours de l’ouverture à Paris de la COP21.

En Ouganda, il honorera tous les martyrs chrétiens victimes de toutes sortes d’exploitations en Afrique, qu’elles soient religieuses, culturelles, politiques, sexuelles. Au sanctuaire de Namugongo, il célèbrera une messe commémorant les premiers saints africains, 22 jeunes martyrs chrétiens, dont Charles Lwanga, brûlés vifs à la fin du XIXe siècle sur ordre du roi Mwanga dont ils étaient les pages et qui avaient refusé de devenir ses esclaves sexuels. Ils avaient été canonisés par Paul VI.

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