Khazanah Nasional prospecte en Afrique

Les télécoms, les infrastructures, la santé et la finance sont autant de domaines dans lesquels le fonds souverain malaisien Khazanah Nasional pourrait intervenir.

Albert Zeufack, directeur recherche et stratégie du fonds souverain Khazanah Nasional. © Jean-Claude Abalo

Albert Zeufack, directeur recherche et stratégie du fonds souverain Khazanah Nasional. © Jean-Claude Abalo

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 12 juin 2012 Lecture : 3 minutes.

« Jusqu’ici tourné vers l’Asie et le Moyen-Orient, Khazanah Nasional a décidé d’accorder une place à l’Afrique dans ses futurs projets d’investissements », affirme Albert Zeufack, haut cadre camerounais de la Banque mondiale détaché auprès de Kuala Lumpur en tant que directeur du département recherche et stratégie du fonds souverain malaisien. Une déclaration prononcée lors du forum d’affaires UEMOA-Asie qui s’est récemment tenu à Lomé et dont l’objectif était de présenter aux Asiatiques les opportunités d’investissements dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine.

Khazanah iconoEn avril déjà, Tan Sri Azman Mokhtar, directeur général de Khazanah, avait effectué la première visite d’un dirigeant de ce fonds sur le continent. Il s’était rendu en Afrique du Sud puis au Nigeria. « Ces deux pays pourraient être nos points d’entrée en Afrique », explique Albert Zeufack. Mais le Ghana (deuxième producteur mondial de cacao et producteur de pétrole depuis 2011) et plusieurs autres pays d’Afrique de l’Est sont également dans le viseur de Khazanah.

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Concrètement, le fonds malaisien, dont la valeur des actifs gérés est estimée à plus de 60 milliards de dollars (plus de 48 milliards d’euros), entend « explorer de manière beaucoup plus détaillée des opportunités d’investissements dans des secteurs où il possède une expertise avérée », indique Albert Zeufack. Khazanah compte déjà dans son portefeuille une trentaine d’entreprises opérant notamment dans les télécoms, les infrastructures ou la santé. Fin 2011, il a par exemple racheté 75 % du capital de la première chaîne hospitalière turque, Acibadem Saglik Yatirimlari, pour plus de 200 millions de dollars. L’activité bancaire est aussi dans la ligne de mire du fonds. En plein essor dans la sous-région, ce secteur, avec des taux de bancarisation inférieurs à 20 %, offre un potentiel de croissance certain aux investisseurs.

Inexpérience

Petronas, déjà sur le terrain

Premier groupe malaisien avec un chiffre d’affaires annuel de plus de 37 milliards de dollars (plus de 29 milliards d’euros), Petronas n’a pas attendu Khazanah pour investir en Afrique. Si elle a abandonné ses opérations d’exploration et de production en Éthiopie fin 2010, la compagnie pétrolière reste active en Angola. Mais c’est surtout en aval de la chaîne (raffinerie et distribution), via sa filiale sud-africaine Engen, qu’elle est le mieux implantée sur le continent, avec une présence dans une dizaine de pays d’Afrique australe et d’Afrique de l’Est. En Afrique francophone, Petronas est actionnaire du pipeline Tchad-Cameroun (qui permet d’exporter le brut tchadien), qu’il détient à 35 % aux côtés d’ExxonMobil (40 %) et de Chevron (25 %). Le montant de cet investissement est estimé à 3,7 milliards de dollars. S.B.

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Selon certains analystes, Khazanah pourrait consacrer quelque 50 millions de dollars à l’Afrique, sachant que le montant minimal de ses opérations est de 10 millions de dollars. Khazanah interviendra soit directement dans des entreprises par des prises de participation, soit via des capital-investisseurs qui ont déjà une expérience africaine. « Connaissant très peu le terrain, il n’est pas sûr que ce fonds investisse dans les créations de projet. Il passera certainement par le capital-investissement pour minimiser les risques, dont il a encore une perception imparfaite », explique un banquier.

Émanation du ministère malaisien des Finances, Khazanah a été créé dans les années 1990 pour reprendre les participations de l’État dans les entreprises publiques en difficulté. Géré, depuis, comme un fonds privé, il est aujourd’hui l’un des plus rentables au monde. Il a reversé environ 1 milliard de dollars de dividendes au Trésor public malaisien en 2011.

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