L’argent des Africains : Gerrard, militaire au Togo – 123 euros par mois

Gerrard a 29 ans, il est est militaire dans la ville de Kara à 450 kilomètres au nord de Lomé. Une fonction qui lui permet de gagner 80 000 francs CFA (soit 123 euros) par mois. Pour Jeune Afrique, il décortique ses dépenses.

Gerrard est militaire dans la ville de Kara au nord de Lomé (photo d’illustration). © Jérôme Delay / AP / SIPA

Gerrard est militaire dans la ville de Kara au nord de Lomé (photo d’illustration). © Jérôme Delay / AP / SIPA

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Publié le 25 novembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Gerrard a choisi son métier pour se garantir un avenir à l’abri du besoin, même si les choses en sont pas toujours roses pour les fonctionnaires de la « Grande Muette ». À 29 ans, Gerrard est un militaire de rang dans les Forces armées togolaises. Apprenti mécanicien il y a encore quelques années, il a abandonné les moteurs de voiture pour réaliser un de ses rêves : « Devenir soldat et assurer la sécurité des compatriotes ». « J’ai été recruté en 2009, un an après avoir terminé ma formation.», affirme-t-il fièrement.

Aujourd’hui, Gerrard se considère bien « intégré au sein du corps des bérets noirs ». D’autant plus qu’il a récemment participé à une mission de maintien de la paix au Mali (Minusma).

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Salaire mensuel : 123 euros par mois

Le jeune homme « travaille beaucoup ». Sa journée commence très tôt. « Dès 5 heures, je suis debout pour me rendre au service ». Gerrard sert dans une école d’officiers à Kara, une ville située à environs 450 km au nord de Lomé. Quand il n’est pas de garde, le jeune militaire termine ses journées aux alentours de 22heures. Six jours par semaine il est « en treillis », pour un modeste salaire de 123 euros. Salaire qui lui permet malgré tout de gagner plus que lorsque qu’il était apprenti mécanicien où il engrangeait chaque mois 40 euros. Bien sûr, il aimerait gagner encore davantage d’argent mais il s’en contente dans un pays où le SMIC en vigueur est de 54 euros.

Carburant, entretien de sa moto et habillement : 30 euros

Une fois son salaire perçu, il en consacre une partie aux dépenses en carburant et à l’entretien de sa moto « Haojue 125 ». Une moto qu’il s’est offerte juste après son recrutement dans l’armée pour la modique somme de 650 000 francs CFA (1000 euros). À l’époque il avait dû recourir à un prêt bancaire pour obtenir un engin qui fait aujourd’hui chuter drastiquement le coût de ses déplacements. La moto permet également à Gerrard de rendre visite à sa belle famille qui habite à 30 km de chez lui. Le carburant et l’entretien lui coûtent généralement 20 euros par mois.

Jeune, Gerrard aime être « sapé ». Car il faut aussi avoir un look en dehors de la tenue militaire. Ainsi, il s’offre des vêtements « peu chers et de bon goût » pour environ 10 euros.

Nourriture, loyer et électricité : 46 euros

En dehors des dépenses d’habillement et pour sa moto, Gerrard consacre chaque mois près de 30 000 francs CFA aux besoins du ménage. « Le riz, l’igname et la pâte sont nos nourritures habituelles ». Le tout lui revient généralement autour de 23 euros. Je fais le plein dès que j’ai mon salaire », explique le jeune homme, père d’une fille de 2 ans.

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Gerrard, sa femme et sa fille habitent un logement de location pour 11 euros. Il héberge aussi chez lui, un de ses petits frères.

La facture d’électricité est souvent très salée (8000 francs CFA). Un coût élevé dû aux deux réfrigérateurs de sa femme, vendeuse de jus et de glaçons, qui fonctionnent à plein régime.

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Besoins de son frère : 15 euros

Depuis deux ans, le militaire prend en charge les dépenses de son petit frère âgé de 16 ans et élève au lycée : ses frais de scolarité en début d’année et ses fournitures. « Je dois lui assurer le nécessaire. Lui, il n’a qu’à étudier », explique-t-il.

Moments de détente : 15 euros

Garrard a peu de temps libre dont il essaye de profiter au maximum. « Les dimanches, je joue du foot avec les amis du quartier. Cela se termine souvent par une réjouissance que nous nous offrons », confie-t-il. Il arrive aussi que le jeune militaire et ses amis sortent certains jours, pour boire quelques coups. Gerrard insiste sur leur préférence. « De la boisson locale, c’est ce que nous aimons ».

Le reste pour les imprévus : généralement 17 euros

Il avoue ne pas épargner. Il y a souvent des dépenses imprévues. Une demande de sa femme ou un cadeau qu’il offre à un supérieur au service. « Aussi insignifiant qu’est le cadeau, le geste compte. Tu n’as pas oublié le chef, le chef ne t’oubliera pas », explique-t-il avec sourire.

Gerrard pense à la suite sa carrière. Il espère surtout quitter son grade de première classe pour gravir les échelons. Pour le moment, le jeune militaire s’attelle à réaliser un projet depuis son retour de mission au Mali : construire sa maison. Même s’il n’en parle pas, les frais de mission permettent généralement aux militaires d’investir ou de réaliser des projets de ce genre.

Si vous aussi vous souhaitez participer à notre série l’argent des Africains, vous pouvez nous écrire à argentdesafricains@jeuneafrique.com

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