« Nous ne pardonnerons jamais » : le Mali rend un dernier hommage aux employés victimes du Radisson
« Ne jamais pardonner à ceux qui ont fait ça », et ne pas céder à la peur des jihadistes. À Bamako, une foule a rendu un dernier hommage, en présence du président Ibrahim Boubacar Keïta, aux cinq employés maliens tués dans l’attaque contre l’hôtel Radisson Blu.
Un millier de personnes ont assisté à cette cérémonie, tout près de l’hôtel Radisson, mercredi 25 novembre, troisième et dernier jour de deuil national, en présence du président malin, Ibrahim Boubacar Keïta, les yeux cachés derrière des lunettes fumées et visiblement très ému.
« Aujourd’hui, il n’y a pas de discours. Nous sommes là pour accepter la volonté de Dieu, qu’il les accepte dans son royaume », a déclaré le chef de l’État, en bambara, devant les corps recouverts d’un linceul. Les cinq employés tués ont été décorés à titre posthume de l’Ordre national du Mali. Une distinction également conférée aux trois clients chinois tués, des dirigeants de l’entreprise ferroviaire CRCC, chargée de la réhabilitation du chemin de fer Dakar-Bamako.
« J’ai le mari de ma soeur parmi les trois employés de l’hôtel tués. Elle est désormais seule avec deux enfants », a quant à elle confié une femme, installé en tribune, à l’est de la place où se déroulait la cérémonie, assortie d’un dispositif de sécurité impressionnant. « Dieu est grand ! C’est lui seul qui sait ce qu’il fait. Nos maris sont morts, nous ne pardonnerons jamais à ceux qui ont fait ça », a encore murmuré une autre Malienne, voilée, à ses côtés, tandis que des dignitaires religieux récitaient des versets du Coran pour le repos de l’âme des disparus.
« Un coup très bien préparé »
Oumou Sangaré, 18 ans, étudiante en hôtellerie emmitouflée dans un tissu de bazin, compte en revanche bien travailler dans ce secteur malgré le « drame », et « pourquoi pas au Radisson Blu ». Dans la foule, quelques dizaines de vigiles de la société de sécurité de l’hôtel, ainsi que leurs collègues d’autres entreprises.
« Moi, j’étais de garde avec mes camarades ce jour-là. Lorsque les deux terroristes sont arrivés, ils ont ouvert d’abord le feu sur nous. Honnêtement, nous n’avons pas eu le temps de riposter », a reconnu Amadou Coulibaly. « C’est un coup très bien préparé, parce que les terroristes ont eu des complices », a-t-il encore affirmé.
« Nous avons vraiment mal. Mais disons la vérité, au Mali, on devient vigile pour fuir le chômage. Nous ne sommes pas bien formés. Nous ne sommes pas bien payés. Avec ce qui est arrivé, il faut que ça change », a également souligné un autre vigile, tenant la main d’un collègue, en signe de solidarité.
« Des lâches »
Debout, habillé en noir en signe de deuil, le directeur des ressources humaines est quant à lui très en colère : « Ces terroristes sont des lâches », s’est emporté Sidi Fall. « Nous allons rouvrir rapidement l’hôtel pour leur dire que leur loi ne passera pas », a-t-il ajouté.
Sur un autre côté de la place, deux jeunes enfants sont assis, entourés d’adultes. « Ce sont les enfants de deux des employés de l’hôtel. L’un des enfants ne parle plus depuis l’annonce de la mort de son père », a expliqué Issa Togola, un membre de la famille.
Devant l’assistance, le propriétaire malien de l’établissement, Cesse Komé, s’est engagé à continuer à verser les salaires des trois employés « jusqu’à la maturité de leurs enfants ». « Nos frères qui sont morts restent pour nous des modèles. Nous poursuivrons le travail pour que le terrorisme ne remporte pas le combat », a quant à lui déclaré Ousmane Koné, représentant des 234 employés.
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