Le 1er sommet sino-africain des entrepreneurs s’ouvre à Marrakech
Alors que la croissance de la Chine ralentit et que, surtout, l’économie du géant asiatique se modifie structurellement, ce forum espère faire naître de nouveaux types de partenariats économiques, davantage porteurs de valeur ajoutée.
120 entrepreneurs et investisseurs chinois ainsi que près de 250 décideurs économiques africains et occidentaux, se sont retrouvés le 26 novembre à l’hôtel Four Seasons de Marrakech à l’occasion du premier Sino-African Entrepreneurs Summit (SAES). Durant deux jours, les participants entendent nouer des relations d’affaires avec la volonté d’atteindre une « nouvelle étape dans les relations d’affaires sino-africaines ».
Nouvelle étape
« En 2000, les échanges commerciaux entre la Chine et le continent étaient de 10 milliards de dollars, a rappelé Daniel Kablan Duncan, Premier ministre de la Côte d’Ivoire. Ils ont atteint 100 milliards en 2010 et ont dépassé les 200 milliards en 2013. »
Toutefois, « la déception dans les relations sino-africaines est liée à la volonté chinoise d’exploiter directement les ressources africaines en matières premières. Naît aujourd’hui une nouvelle étape, davantage tournée vers les besoins des populations locales auxquels il faut répondre », a insisté Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français.
L’objectif semble désormais d’augmenter la valeur ajoutée pour le continent dans un contexte de mutation économique de la Chine, même si, comme l’a rappelé Wong Ching, président d’un grand groupe chinois (Rongfeng Holding Group), « pour s’enrichir, il faut d’abord construire des routes ».
Mutations
Moulay Hafid Elalamy a souligné que le salaire minimum en Chine était passé de 100 dollars par mois à 500-700 dollars sur la côte Est. Recherchant une nouvelle compétitivité, les entreprises chinoises devraient transférer 85 millions d’emplois à l’international, a rappelé le ministre marocain de l’Industrie. Dans son discours, Carlos Lopes, secrétaire général de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (CEA), a donné trois exemples – en Italie, au Mexique et au Brésil – pour illustrer précisément ce phénomène de transfert d’emplois.
« Au Mexique, le secteur textile a perdu 300 000 emplois à cause de la concurrence asiatique, surtout chinoise, a-t-il souligné. La montée récente des salaires en Chine a rendu cette industrie mexicaine à nouveau compétitive et les Chinois participent eux-mêmes à cette renaissance, en réorientant de surcroît la production vers un nouveau secteur : la sous-traitance automobile. » L’économiste bissau-guinéen a ainsi voulu montrer qu’il était possible d’attirer des investissements chinois créateurs d’emplois tout en rappelant à l’Afrique que l’industrialisation était une activité concurrentielle.
Partenariat triangulaire
Organisé par BOAO Business Consulting, GL Évents et le Groupe Jeune Afrique, le sommet SAES est aussi très marqué par le poids du Maroc, pays hôte du sommet. Même si les échanges entre Rabat et Pékin ont augmenté, faisant de la Chine le troisième partenaire commercial du Royaume, le Maroc attire beaucoup moins les investisseurs chinois que l’Algérie voisine ou que nombre de pays subsahariens producteurs de pétrole et de minerais.
« J’ai la conviction profonde que le partenariat sino-africain doit être triangulaire, a plaidé à la tribune Othman Benjelloun. Le Maroc, en raison de sa position géographique et de culture aux confluents, doit être au cœur de ce nouveau paradigme. » Le PDG du groupe BMCE Bank of Africa a plaidé très clairement pour une « alliance sino-maroco-africaine ».
Moulay Hafid Elalamy a rappelé ainsi que le sommet SAES s’inscrivait dans le cadre de la mise en œuvre du plan stratégique d’accélération industrielle du Maroc, avec comme ambition d’attirer des usines chinoises sur le territoire national.
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