Le Sénégal et le Mali en désaccord sur le futur de Transrail

Alors que Transrail, concessionnaire de l’exploitation de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako, est en pleine crise, le Sénégal et le Mali ainsi que les organisations syndicales de l’entreprise ne parviennent pas à s’entendre sur un schéma de sortie de crise.

La voie ferrée Dakar-Bamako fait près de 1 300 kilomètres. © DR

La voie ferrée Dakar-Bamako fait près de 1 300 kilomètres. © DR

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Publié le 26 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Pour les autorités sénégalaises, la résolution de la crise que traverse Transrail depuis plusieurs années passe par le départ de son actionnaire de référence, le groupe Advens (de l’entrepreneur franco-sénégalais Abbas Jaber) qui détient 51 % du capital de la société en charge de l’exploitation de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako.

C’est le souhait clairement affiché par Amadou Ba, le ministre de l’Économie et des Finances, devant les députés sénégalais en fin de semaine dernière à Dakar. « Avec Transrail nous sommes dans un processus de rupture même s’il y a un niveau de complexité majeur avec le Mali. L’option du gouvernement est irrévocable et irréversible. On va se séparer d’Abbas Jaber, mais il y a une transition à gérer », a-t-il expliqué.

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Le « niveau de complexité majeur avec le Mali » tient au fait que Bamako ne serait pas favorable à cette séparation. Le Mali et le Sénégal détiennent chacun 10 % du capital de Transrail, des opérateurs privés des deux pays se partagent à parts égales 20 %, les 9 % restants devant en principe revenir aux employés de la société.

Déficit chronique

Transrail est dans une situation difficile. Selon Mame Mbaye Tounkara, patron de l’organisation syndicale sénégalaise Sutrail, « sur un parc de 13 machines de tractions convoyeuses de marchandises, Transrail en est maintenant à 6 machines fonctionnelles », a-t-il déclaré à Jeune Afrique.

Pour le leader syndical, « l’entreprise souffre d’un déficit d’exploitation cumulé de 30 milliards de F CFA (45,73 millions d’euros), pour un niveau d’endettement évalué à 50 milliards de F CFA ainsi que des arriérés de cotisations sociales de 23 milliards. Les comptes de l’entreprise sont saisis par les créanciers aussi bien à Dakar qu’à Bamako ».

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Pour autant, parmi les travailleurs de Transrail, les positions sont loin d’être homogènes en ce qui concerne le maintien ou non de l’actionnaire majoritaire. Si Sutrail souhaite le départ de ce dernier, l’Union des travailleurs de Transrail/Sénégal conduite par Mamadou Madiodio Diagne et la section syndicale unique UNTM/Transrail/Mali d’Abdoulaye Berthé sont, elles, pour le statu quo.

Dans une déclaration commune et faute d’un plan viable proposé par les États, les deux organisations syndicales proposent d’accorder « à l’actionnaire majoritaire un délai de 4 ans pour qu’il puisse amortir les investissements qu’il aura réalisés et financer les besoins immédiats de réhabilitation du matériel roulant ».

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Une concession « inopérante »

Dans une interview publiée dans l’édition n°2863 de Jeune Afrique, actuellement en kiosques, le patron d’Advens – qui a trouvé un accord avec l’État, fin octobre, pour sortir du capital de leader sénégalais de l’arachide Suneor – a rappelé avoir pris le contrôle de Transrail « à la demande de la Banque mondiale, au moment où l’entreprise était à genoux ».

« Le Sénégal et le Mali se sont engagés à plusieurs reprises à amender la concession, qui est inopérante, a-t-il ajouté. Ce n’est toujours pas fait et cela fragilise énormément l’entreprise. Des médiateurs ont été nommés de part et d’autre, ils doivent rendre leur rapport dans les jours qui viennent. »

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