Yaoundé ne veut pas rater son train
Liaison rapide entre la capitale et Douala, rénovation du réseau, construction de nouvelles lignes… Les envies ferroviaires du pays se chiffrent en milliards d’euros.
Si le projet de TGV camerounais fantasmé mi-mai par certains médias internationaux ne devrait pas voir le jour avant longtemps, le réseau national opéré depuis 1999 par Camrail, filiale de Bolloré à 77,4 %, changera de dimension dans les prochains mois. En visite au Cameroun le 14 mai, Vincent Bolloré a annoncé, à l’issue d’un entretien avec le président Paul Biya, la mise en place d’une liaison rapide entre Douala et Yaoundé. Le projet, initié conjointement par le gouvernement camerounais et le groupe français, prévoit le renouvellement des 250 km de voie ferrée et l’acquisition de nouveaux autorails capables de relier les deux villes en trois heures (contre plus de cinq actuellement).
Cette initiative s’inscrit dans le vaste plan d’investissements de 350 millions d’euros que Bolloré, aidé du gouvernement, prévoit de débloquer d’ici à 2020 pour la réfection des 1 000 km de voies, la rénovation des gares sur l’ensemble du réseau existant et l’achat du matériel roulant. Une fois remise à neuf, la ligne tracée entre le nord et le sud du pays (voir carte) devrait servir de colonne vertébrale au nouveau plan directeur ferroviaire dévoilé par Yaoundé le 3 février.
Mines
Désireux de moderniser l’infrastructure, notamment pour lui permettre de suivre le rythme imposé par les développements miniers qui devraient se multiplier à travers le pays, les pouvoirs publics veulent réaliser 3 500 km de lignes supplémentaires entre 2013 et 2020. Les 22,8 milliards d’euros nécessaires à la construction seront conjointement financés par la Chine et le Cameroun, dans le cadre d’un partenariat public-privé dont les principes restent à définir.
Une première phase de 1 700 km et de 12,9 milliards d’euros doit démarrer dès l’an prochain. Le gouvernement entend affecter 4,7 milliards d’euros à une ligne de 602,6 km qui sera tirée entre le futur gisement de fer de Mbalam (Sud) et le port en eau profonde de Kribi, actuellement en construction. Pour un coût de 715 millions d’euros, Kribi sera aussi connecté à la ville d’Édéa, distante de 136 km et où est extraite l’alumine nécessaire à l’approvisionnement de l’usine à venir d’Alucam sur le site portuaire.
Toujours dans le Sud, la capitale économique Douala sera reliée au centre industriel de Limbé grâce à une ligne de 73,5 km représentant un investissement de 520 millions d’euros, pendant qu’un projet plus vaste et dont le tracé de 900 km reste à établir devrait partir vers Ngaoundéré (Nord), pour 6,9 milliards d’euros. Huit autres projets vont voir le jour à plus long terme, avec le double objectif de densifier le réseau national et d’assurer l’interconnexion avec les pays enclavés du Tchad et de la Centrafrique, dont l’essentiel des marchandises transite par les ports camerounais.
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