Katanga : pour 2 500 mégawatts de plus…

Principal frein au développement, le déficit électrique risque de bloquer l’expansion de plusieurs sites d’ici à 2015. Miniers, gouvernements central et provincial se mobilisent pour trouver des solutions. Même provisoires.

L’un des sites de la Société nationale d’électricité à Lubumbashi. © Georges Senga

L’un des sites de la Société nationale d’électricité à Lubumbashi. © Georges Senga

Publié le 9 juin 2012 Lecture : 4 minutes.

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Le Katanga grandeur nature

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La situation énergétique est d’autant plus préoccupante que les besoins suivent une courbe exponentielle. « Aujourd’hui, le déficit est un frein au développement de la province. Demain, il y a risque de blocage si aucune solution n’est trouvée », s’inquiète Laurent Kahozi Sumba. Outre les besoins de la population, qui s’accroît au rythme de 3,5 % par an, il faut aussi prendre en compte ceux des projets miniers qui doivent arriver en phase de développement d’ici à 2015 – de nombreux autres étant encore en prospection ou en début d’exploration. Il n’est pas question d’imposer aux miniers de limiter leur expansion, car ils sont une source importante de recettes pour l’État. Où trouver les 2 500 MWh ? Il y a bien sûr Inga III, qui, avec ses 5 000 MW de capacité, pourrait améliorer l’offre provinciale. Mais sa réalisation n’est pas pour demain. Dans le Katanga, deux projets sont envisagés. Le plus avancé est la centrale de Busanga, sur la rivière Lualaba, près de Kolwezi, qui doit être réalisée par Sinohydro et financée dans le cadre du partenariat sino-congolais (la production et la desserte en électricité étant l’un des cinq chantiers du chef de l’État). Cependant, le démarrage des travaux piétine. Quant à la centrale de Nzilo II, au nord de Kolwezi, ses financements ne sont pas encore trouvés.

De toute façon, que ces projets démarrent rapidement ou non, leur réalisation prendra au moins cinq ans – il est donc déjà trop tard -, et l’énergie fournie à terme ne comblera pas tout le déficit.

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Au fond des lacs

Réputé riche en minerais, notamment de cuivre et de cobalt, le Katanga pourrait-il devenir aussi un eldorado pétrolier ? Son sous-sol n’a pas encore livré tous ses secrets. Toutefois, des indices d’hydrocarbures ont été relevés. Les uns dans le graben (fossé tectonique) Tanganyika, situé sous le lac éponyme que se partagent la RD Congo et la Tanzanie, les autres dans le fond du lac Upemba, au coeur de la province (district du Haut-Lomami). Du coup, le bassin du lac Tanganyika a été divisé en une dizaine de blocs et celui du lac Upemba en trois. Des compagnies pétrolières sont déjà sur les rangs. Surestream-Petroleum, filiale du britannique Surestream (dont le président du conseil d’administration est l’ancien Premier ministre sénégalais Moustapha Niasse), qui prospecte déjà trois blocs dans le Bas-Congo (province dans l’est du pays), viserait un bloc dans le graben Tanganyika. Quant à la major italienne Eni, elle serait en pourparlers pour décrocher trois blocs dans la même zone. M.D.

Au charbon

Particulièrement concernés, les miniers ont été invités à participer financièrement à la réhabilitation ou à la construction de centrales et de lignes de transport d’électricité, dans le cadre de partenariats public-privé. Des compagnies ont répondu à l’appel. Kamoto Copper Company (KCC) s’est engagé à financer en partie la réhabilitation de la centrale de Nzilo, Tenke Fungurume Mining (TFM) celle de Nseke et Mutanda Mining celles de Koni et de Mwadingusha. Des apports financiers qui seront pris en compte dans la facturation des consommations futures, avec des conditions privilégiées.

Le recours au charbon comme source d’énergie est également envisagé. Reste à certifier les réserves des gisements houillers identifiés à Luena, près de Lubudi, et à Lukuga, aux environs de Kalemie. « Ce serait un raccourci intéressant pour combler une partie du déficit. Les centrales à charbon sont techniquement faciles à construire, elles n’exigent pas de grosses études de faisabilité, et leur réalisation ne coûte pas trop cher », remarque le ministre. Ce serait déjà un premier pas, même si ce n’est pas le plus « durable », vers l’autosuffisance énergétique de la province. 

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