Algérie : le général Hassan, ex-patron de la lutte anti-terroriste, condamné à 5 ans de prison ferme

Le général Hassan, ancien chef de la lutte antiterroriste en Algérie, a été condamné jeudi à cinq ans de prison ferme. « Une première pour un haut responsable des services secrets », a annoncé l’un de ses avocats, qui compte saisir la cour de cassation.

Abdelaziz Bouteflika, le président algérien. © Sidali Djarboub/AP/SIPA

Abdelaziz Bouteflika, le président algérien. © Sidali Djarboub/AP/SIPA

Publié le 27 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Le général Hassan, de son vrai nom Abdelkader Ait-Ouarabi, la soixantaine passée, était jugé par le tribunal militaire d’Oran, jeudi 26 novembre, pour « des délits de destruction de documents et d’infraction aux consignes militaires ». « Il n’a pas bénéficié de circonstances atténuantes », a déploré Me Khaled Bourayou qui a dénoncé « un châtiment infligé à un des plus hauts gradés de l’armée algérienne » : 5 ans de prison ferme.

L’avocat a annoncé la décision de son client de se pourvoir en cassation, la justice militaire ne prévoyant pas de juridiction d’appel en Algérie. Le procès s’est déroulé dans un strict huis clos à la demande du parquet ; les journalistes n’ont donc pas été autorisés à accéder au tribunal. Les détails du jugement n’ont par ailleurs pas été publiés.

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Une victime collatérale, selon ses avocats

Le général Hassan, qui a plaidé non coupable, n’est « qu’une victime collatérale de la féroce guerre des clans qui se livre à un haut niveau de la sphère politique », ont déploré jeudi ses avocats dans un communiqué largement relayé par la presse algérienne. Ils y décrivent leur client comme « un des vaillants officiers parmi ceux qui ont sauvé le pays du péril terroriste et épargné au peuple algérien l’anéantissement programmé ». Au cours d’une prise de parole, le prévenu a expliqué avoir agi au nom « d’une stratégie de défense des intérêts de l’État. Les renseignements ont permis d’épargner beaucoup de vies et de protéger des institutions. »  

Avant le procès, un autre défenseur du général Hassan, Me Mokrane Ait-Larbia avait affirmé avoir demandé la comparution du général Toufik, comme témoin à décharge, qui était le chef hiérarchique de son client. Il ne s’est pas finalement pas présenté. Le tribunal a en revanche entendu six témoins à charge.

Incarnation de la lutte contre les groupes islamistes armés

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Arrêté jeudi 27 août à son domicile par une brigade de gendarmerie, le général Hassan a incarné pendant près de 20 ans la lutte implacable de l’armée algérienne contre les groupes islamistes armés. Les détails de l’affaire pour laquelle il a été poursuivi demeurent encore flous. Et il n’est même pas sûr que l’opinion puisse connaitre un jour le fin mot de cette histoire. Le procureur du tribunal militaire d’Oran a réclamé le huis clos «en raison de la sensibilité des informations» susceptibles d’être divulgués au cours du procès. Les faits remontent à l’année 2013 lorsque les hommes de Hassan ont mené une opération de récupération d’armes à la frontière algéro-libyenne en noyautant un groupe armé avant de le neutraliser.

Interlocuteur de plusieurs services d’intelligence étrangers durant des années, il avait dirigé pendant plusieurs années le Service de coordination opérationnelle et de renseignement antiterroriste (Scorat), une unité d’élite qui dépendait du DRS avant son rattachement récent à l’état-major de l’armée. Ait Ouarabi a permis de déjouer plusieurs attentats en Europe grâce aux renseignements qu’il avait fournis à ses partenaires occidentaux. Homme très secret, il était proche de l’ancien patron de ces services, le général Mohamed Médiene, dit Toufik, qui a été limogé en septembre, après 25 ans à la tête du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS).

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