COP21 : ils nous avaient prévenus…

La mobilisation générale autour de la COP21, ces milliers de participants, chefs d’État, ministres, scientifiques, activistes, lobbyistes, journalistes, etc., venus des quatre points cardinaux pour se pencher au chevet de la planète, fait penser à la fameuse phrase de Marx : « L’humanité ne se pose que des problèmes qu’elle peut résoudre. »

Fouad Laroui © DR

Publié le 4 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Un fermier sud-africain sur ses terres desséchées, le 12 novembre 2015, à Groot Marico © Themba Hadebe/AP/SIPA
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COP21 : qu’attendons-nous pour agir contre le dérèglement climatique ?

Du 30 novembre au 11 décembre, les pays du monde entier se réunissent à Paris pour faire face au dérèglement climatique. Reste à savoir s’ils sauront dépasser le stade des bonnes intentions.

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Phrase a priori énigmatique, paradoxale. Est-ce à dire que dès que l’humanité se pose un problème, sa solution pointe le bout du nez ? Non. Marx ne parlait pas des hommes mais de l’humanité : lorsque tout entière elle se pose un problème, c’est à la fin d’un long processus de maturation, au moment où les conditions objectives, les contradictions, les besoins ont atteint un tel niveau de tension, de gravité, qu’il n’est plus possible d’en remettre l’examen aux calendes grecques : l’instant est historique, c’est maintenant qu’il faut s’attaquer, de front, au problème – et donc le résoudre, dans les larmes et le sang s’il le faut. On est alors passé du stade du précurseur ignoré, du prophète prêchant dans le désert, du scientifique incompris à la prise de conscience universelle.

Il serait injuste de les oublier pour autant. Il faut rendre hommage à ceux qui ont compris et dit avant les autres que nous faisons un tort immense à notre planète et qui ont prôné sans relâche l’harmonie de l’homme et de la nature.

On pourrait citer le philosophe andalou du XIIe siècle Ibn Tofayl et son Hayy Ibn Yaqzân, qui contient des sentences que ne désavoueraient pas les « écolos » d’aujourd’hui

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Parmi eux, une place d’honneur devrait être accordée aux écrivains qui ont mis leur talent au service de la Terre, donc de l’humanité, qui ont traité de questions sérieuses et ingrates au lieu de chercher une gloire facile et vaine. On pourrait citer le philosophe andalou du XIIe siècle Ibn Tofayl et son Hayy Ibn Yaqzân, qui contient des sentences que ne désavoueraient pas les « écolos » d’aujourd’hui ; Rousseau et son « bon sauvage » ; Thoreau dont l’œuvre majeure, Walden ou La Vie dans les bois (1854), a inspiré maint retour à la nature ; Jean Giono, dont la nouvelle L’Homme qui plantait des arbres (1953) portait un message écologiste qui a eu un retentissement mondial ; Claude Lévi-Strauss, dont le beau et profond Tristes Tropiques aurait certainement obtenu le Goncourt en 1955 si son éditeur avait eu l’idée de le baptiser « roman » ; Rachel Carson, dont l’éloquent Printemps silencieux, publié en 1962, conduisit à l’interdiction du DDT aux États-Unis et à la création de l’Agence de protection de l’environnement ; et bien d’autres.

Espérons que la COP21 trouvera le temps d’instituer un panthéon, fût-il virtuel, où tous ces grands esprits seront rassemblés, un nouveau panthéon au fronton duquel on pourra écrire : aux grands hommes, la Terre reconnaissante…

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