Burkina : quand les citoyens s’érigent en sentinelle des élections

Dimanche, environ 5 000 observateurs civils de la Codel seront déployés dans les bureaux de vote pour surveiller le bon déroulement des élections présidentielle et législatives. Durant toute la journée, leurs observations seront retransmises sur un site de suivi en temps réel des scrutins.

Dans la « situation room » de la Codel, dans un hôtel de Ouagadougou. © Benjamin Roger/Jeune Afrique

Dans la « situation room » de la Codel, dans un hôtel de Ouagadougou. © Benjamin Roger/Jeune Afrique

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Publié le 28 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

L’heure est aux derniers préparatifs avant le grand jour. Certains sont concentrés sur leurs ordinateurs, d’autres passent des coups de fil. Au mur, un rétroprojecteur affiche une carte des différentes circonscriptions électorales du Burkina. C’est ici, dans une grande salle d’un hôtel chic de Ouagadagoudou, que la Convention des organisations de la société civile pour une observation domestique des élections (Codel) a établi son QG.

Lancée en juillet dernier, cette coalition des principales organisations de la société civile burkinabè a constitué une plateforme citoyenne pour suivre le bon déroulement des élections couplées du 29 novembre, durant lesquels 5,5 millions d’électeurs seront appelés à élire leur président et leurs députés pour succéder au régime de Blaise Compaoré.

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Messages d’alerte

Le projet, financé par différents partenaires étrangers et des ONG internationales, a pour objectif d’assurer la crédibilité et la transparence de ces scrutins historiques. Son fonctionnement est simple. Dimanche, environ 5 000 observateurs seront déployés dans les bureaux de vote aux quatre coins du pays. Dédommagés par un petit per-diem, ils auront pour mission de surveiller les conditions électorales et de faire remonter leur informations à la « situation room » de Ouagadougou, laquelle tiendra à jour un site de suivi en direct des élections (www.burkinavote.com) sur tout le territoire.

Le système, déjà testé lors d’élections présidentielles dans différents pays ouest-africains ces dernières années (Sénégal en 2012, Mali en 2013, Côte d’Ivoire en 2015…), est bien huilé. Chaque observateur a une fiche d’information avec différents critères – heure d’ouverture du bureau de vote, respect des procédures, conditions du dépouillement, etc… – à évaluer selon un barème à codes préétabli. Tout au long de la journée, il transmettra ses appréciations par SMS à la centrale ouagalaise, où une équipe d’une cinquantaine de personnes supervisera la publication des données sur le site de suivi en temps réel. « Si nos observateurs constatent un incident durant le vote, comme des violences, un bourrage d’urnes ou des tentatives de corruption, ils peuvent aussi nous envoyer un message d’alerte, le ‘code Z’ », ajoute Jeffrey Allen, représentant de l’ONG One World qui a développé cette plateforme informatique.

Assurer la bonne tenue des élections

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Si ses 5 000 observateurs ne seront pas suffisants pour couvrir les plus de 17 000 bureaux de vote, la Codel estime qu’elle aura déjà une idée de la tendance des résultats dans la nuit du dimanche au lundi. Mais pas question, selon ses responsables, de les communiquer. Ni de concurrencer la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), avec lesquels ils collaborent. « Nous ne sommes pas là pour faire le travail de la Ceni. C’est elle qui annoncera les résultats. Nous sommes là pour faire en sorte que ces élections soient crédibles, transparentes, et acceptées par tous », affirme Lydia Ouédraogo, rapporteur général de la Codel.

Soutenue par les autorités de transition et les partenaires étrangers du Burkina, la Codel est perçue comme un comme un outil supplémentaire pour assurer la bonne tenue de ces élections inédites. Un rôle de sentinelle électorale citoyenne qu’elle tiendra à nouveau en cas de second tour, ainsi qu’aux prochaines élections municipales, qui devraient avoir lieu au début de l’année 2016.

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