Les temps forts de la visite du pape François en Afrique
La première visite du souverain pontife sur le continent africain s’est faite sous le signe d’un appel à la paix sociale et religieuse. Le pape François s’est rendu dans des lieux symboliques de chacun des pays visités pour porter son message.
Centrafrique : l’appel à la réconciliation à la mosquée du PK5
À Bangui, le pape a bravé les tensions et l’instabilité de la capitale centrafricaine en se rendant lundi à la mosquée de Koudoukou, dans le quartier musulman du PK5. Un signal fort pour la réconciliation en Centrafrique. Après avoir salué cinq imams, le pape François a lancé, depuis un podium installé à côté de la mosquée : « Chrétiens et musulmans sont frères. Il faut dire non à la vengeance, à la violence et à la haine. »
À son arrivée à Bangui, il avait déjà demandé aux Centrafricains de « résister à la peur de l’autre ». Si la cérémonie a été courte, (trente minutes) elle a pourtant été hautement symbolique : le quartier du PK5 concentre la plupart des violences inter-communautaires de la capitale centrafricaine depuis 2013. Aujourd’hui encore, ses habitants ne peuvent en sortir sans risque de se faire tuer par les milices anti-balaka à majorité chrétienne. Pour Catherine Samba-Panza, la présidente centrafricaine, la visite du pape a été « une victoire de la foi sur la peur, sur l’incrédulité ».
En Ouganda, une visite sous le signe de l’œcuménisme
Le pape François s’est rendu samedi 28 novembre au sanctuaire ougandais de Namugongo, dans les environs de Kampala, le premier lieu de pèlerinage pour les Ougandais. Jorge Bergoglio y a rendu hommage aux 45 martyrs de l’Ouganda, premiers chrétiens morts dans les années 1880, brûlés ou décapités par le roi Mwanga II qui se sentait menacé par ces nouveaux croyants. Plus de 200 000 personnes avaient fait le déplacement.
Le pape a affirmé que ces martyrs étaient le symbole d’un « œcuménisme du sang […] qui lie encore aujourd’hui les martyrs chrétiens, de la Syrie au Nigéria ». C’était aussi une occasion de célébrer la coexistence entre les différentes communautés religieuses, dans un pays où se côtoient 40% de catholiques, 35% d’anglicans, mais aussi des pentecôtistes, des adventistes et des musulmans.
Au Kenya, un appel à la justice sociale dans un bidonville de Nairobi
C’est à Kangémi, un immense bidonville de Nairobi comptant plus de 100 000 habitants, que le pape François a choisi de prononcer vendredi 27 novembre un discours véhément sur l’urbanisation et la justice sociale. S’adressant aux milliers de fidèles venus l’acclamer, il a demandé : « Comment ne pas dénoncer les injustices que vous subissez ? » en insistant sur le manque d’accès aux égouts, aux toilettes, mais aussi à l’école et aux hôpitaux.
Pour lui, ces blessures sont « provoquées par des minorités qui concentrent le pouvoir et la richesse », ainsi que par « de nouvelles formes de colonialisme » qui marginalisent le continent africain. Entamant son discours en affirmant qu’il se sentait « comme chez lui », il a pris congé en swahili sous un tonnerre d’applaudissements.
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