RD Congo : King Kuba aux petits soins des PME
Le gestionnaire du fonds Central Africa SME espère bien contribuer à l’émergence d’un tissu de petites entreprises.
Finance : bientôt dans la cour des grands
Difficile, voire impossible, pour les PME et PMI congolaises de trouver localement des crédits adaptés à leurs besoins et caractéristiques. Créé pour financer des petites entreprises en RD Congo et en Centrafrique, pays qui ont tous deux traversé un conflit, le fonds de capital-investissement Central Africa SME (CASF), géré par la société XSML (basée aux Pays-Bas), pourrait remédier à cette situation.
Soutenu par la Société financière internationale (Banque mondiale), Netherlands Development Finance Company et Lundin for Africa (fondation du minier canadien Lundin), le CASF sera doté de 25 millions de dollars (19,5 millions d’euros), dont 17 millions d’engagements sont d’ores et déjà mobilisés. Sur l’ensemble des fonds qui seront récoltés, 80 % iront à la RD Congo, qui, avec ses 70 millions d’habitants, est de loin le plus peuplé des deux pays. Pour identifier et analyser les projets susceptibles de bénéficier du soutien du CASF en RD Congo, XSML a mis en place en 2010 avec Cenainvest (filiale du groupe Afriland First Bank) King Kuba Capital, sorte de bras opérationnel basé à Kinshasa.
Compte tenu du montant de ses prêts, qui vont de 100 000 à 500 000 dollars, le CASF pourra financer une soixantaine de sociétés soit opérant dans les services, soit artisanales et souhaitant se hisser à un niveau industriel. S’il s’adresse surtout à des PME existantes, il peut aussi accorder des prêts à des start-up, à condition que leurs manageurs aient déjà une expérience dans le secteur visé. Les remboursements sont étalés sur cinq ans, avec un délai de grâce de douze mois et des taux d’intérêt variant de 12 % à 16 % selon l’accord passé. « Nous pouvons prendre entre 10 % et 20 % du capital de la société que nous finançons, ce qui nous permet de participer à sa vie sans entrer dans sa gestion », précise Alain Buhendwa, chargé d’investissement à King Kuba Capital. Un moyen de limiter les risques et de rentabiliser les investissements grâce aux plus-values qui seront tirées de la revente des parts sociales acquises dans les sociétés.
Vision
Deux entreprises – la clinique Médecins de nuit et First & Future, un centre d’appels – ont déjà obtenu des prêts. Une dizaine d’autres dossiers sont à l’étude. Parmi les critères d’éligibilité figure la qualité du porteur de projet et du management – un paramètre fondamental, selon King Kuba Capital. « Nous souhaitons travailler avec des entrepreneurs qui ont une vision. Outre des prêts, nous fournissons une assistance technique au management et des formations pour aider les promoteurs à structurer et à gérer leur entreprise », insiste Alain Buhendwa. Autre exigence, l’apport de fonds propres si le demandeur n’a pas encore lancé son activité.
Loin d’agir seul, King Kuba souhaite collaborer avec les structures de financement et les organisations patronales locales. Un premier rapprochement a été établi avec l’Agence nationale pour la promotion des investissements (Anapi). Selon un protocole d’accord signé le 23 mars 2012, l’Anapi s’est engagée à orienter les PME-PMI congolaises vers King Kuba et à les appuyer en matière de gestion. Prochaine étape : établir des liens avec les banques congolaises. « Nous avons tout intérêt à travailler ensemble et à partager les risques, chacun suivant ses règles. Ainsi, les entreprises bénéficiaires du CASF ayant d’importants besoins en fonds de roulement pourraient obtenir du système bancaire local des prêts à court terme. Nous avons approché quelques banques. Reste à mieux nous connaître et à nous faire confiance », indique Alain Buhendwa. Un premier pas pour l’émergence d’un tissu de petites entreprises dont la RD Congo a bien besoin.
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