Guinée – Mohammed Belhocine : « Le vaccin contre Ebola sera sur le marché mais cela peut prendre du temps »

L’Atelier scientifique international sur l’accélération de la disponibilité des vaccins contre les fièvres hémorragiques virales et autres épidémies , qui a réuni à Conakry des chercheurs nationaux et étrangers, a pris fin dimanche au terme de 72h d’échanges. Jeune Afrique a rencontré Mohammed Belhocine, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Guinée pour faire le point.

Travailleurs de la santé  soignant des malades atteints du virus Ebola au Liberia, juin 2015. © Abbas Dulleh/AP/SIPA

Travailleurs de la santé soignant des malades atteints du virus Ebola au Liberia, juin 2015. © Abbas Dulleh/AP/SIPA

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Publié le 30 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Accélérer le processus d’homologation du vaccin contre Ebola et ressusciter les fabriques de médicaments d’antan étaient les deux principales préoccupations de la Guinée en organisant ce sommet scientifique. À quel résultat est-on parvenu ?

Mohammed Belhocine : La Guinée a servi de plate-forme pour l’essai du vaccin contre Ebola. C’était la volonté du président de la République de ne pas s’arrêter en si bon chemin et de capitaliser sur cette expérience afin de rendre les vaccins disponibles en quantité, au moment opportun.

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Les discussions ont tourné autour des processus d’homologation en présence du secteur privé, des autorités de régulation comme celles de l’Union européenne et des experts qui ont fait un travail similaire sur des maladies de par le passé, comme le vaccin contre la méningite et les traitements antirétroviraux pour le VIH/ Sida.

On peut tirer des leçons de ces précédents. Pour pouvoir produire un vaccin, il faut une bonne plate-forme de recherches biomédicales : les cadres, les infrastructures, la culture de la recherche…La Guinée ne part pas de zéro en la matière mais cela ne suffit pas.

Il faut également s’engager dans des financements durables, parfois lourds mais qui sont un pari pour l’avenir de la production du vaccin et un certain degré d’autonomie pour le pays dans la surveillance des maladies épidémiologiques.

La recherche continue d’un côté et le processus d’homologation, de l’autre

Quand pourra-t-on acheter le vaccin contre Ebola en pharmacie ?

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Il sera nécessairement sur le marché, il n’a pas été produit pour être oublié mais cela peut prendre des mois, des années… Si on a encore besoin de vacciner des nouveaux cas ou des survivants, le vaccin sera disponible et la capacité de le faire existe. Pour l’immédiat, il n’y a pas de problème.

C’est pour les éventuelles épidémies à venir que la question se pose. L’homologation est un processus extrêmement lourd : il faut l’autorisation des autorités de régulation américaine, européenne, l’OMS aussi doit donner son label de qualité.

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L’autre question qui se pose est de savoir si tout le monde sera vacciné ou non. Il faudrait également édicter les règles d’utilisation parce que le vaccin n’a, pour le moment, pas été utilisé chez tout le monde. Les nouveaux-nés, les femmes enceintes, les sujets de plus de 60 ans n’ont pas été vaccinés.

Il y a plusieurs limitations et les experts doivent se réunir pour les préciser. La recherche continue d’un côté et le processus d’homologation, de l’autre. Rendez-vous dans quelques mois ou une année pour voir le résultat de tout ce processus.

Au-delà de la volonté politique, quelle garantie offre la Guinée pour fabriquer des vaccins ?

La Guinée souhaite se lancer dans ce domaine, il y a bien évidemment un état des lieux à faire, en termes de capacités humaines, d’infrastructures, de recherches biomédicales…mais tout cela peut se construire assez rapidement.

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