Algérie : la loi de finances 2016 adoptée dans la cohue

La loi de finances 2016 a été adoptée par les députés de l’Assemblée nationale après une séance houleuse.

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Publié le 30 novembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Dans la cohue, la confusion et la contestation. Le projet de loi de finances 2016 a été adopté, lundi 30 novembre, à la majorité par l’Assemblée populaire nationale (APN) lors d’une séance plénière qui a donné lieu à des altercations entre des députés de l’opposition et certains de leurs collègues de la majorité FLN.

Les parlementaires du Front des forces socialistes (FFS), du Parti des travailleurs (PT), de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV) et du Front de la justice et de développement (FJD) ont vivement réagi au texte en estimant que la LF 2016 consacre « la privatisation de l’État après celle du pouvoir ».

Des agents de sécurité de l’hémicycle ont dû intervenir pour tenter de ramener le calme.

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Empoignades

Munis de pancartes, des députés de l’opposition ont tenté, dans la matinée, d’empêcher l’adoption de ce texte qui a eu le soutien des parlementaires du FLN et ceux du RND (Rassemblement national démocratique). Des empoignades ainsi que de vifs échanges verbaux ont émaillé le début de la séance filmée par des caméras des chaînes privées et vite relayée sur les réseaux sociaux. Des agents de sécurité de l’hémicycle ont dû intervenir pour tenter de ramener le calme. Alors que le vote pour l’adoption du texte intervenait en plénière, les contestataires ont improvisé un mouvement de protestation à l’extérieur du bâtiment de l’Assemblée.

Très remontés, les députés de l’opposition accusent le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, absent de l’hémicycle, de servir les hommes d’affaires et « l’oligarchie » qui gravitent autour du cercle présidentiel. Toutefois, ce membre du gouvernement n’est pas le seul à essuyer les critiques. Son collègue des Finances n’est pas en reste.

Séparation des pouvoirs

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Député du PT et membre de la commission des finances de l’Assemblée, Djelloul Djoudi, considère que le texte qui a été voté en plénière n’est pas conforme à celui qui a été discuté par les membres de cette commission. Il accuse, dans une déclaration faite au quotidien Liberté, le chef du groupe parlementaire du FLN d’avoir notamment modifié, au petit matin du vendredi, le contenu de l’article 71 de la loi de finances 2016.

Celui-ci stipule que « des décrets d’ajustements peuvent être pris sur le rapport du ministre chargé des Finances, en cours d’année, pour prendre en charge, par le gel ou l’annulation de crédits destinés à la couverture de dépenses, une situation d’ajustement nécessaire en cas de détérioration des équilibres généraux ».

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Pour les dirigeants du parti des Travailleurs, ces nouvelles dispositions violent le principe de la séparation des pouvoirs. « C’est une disposition moyenâgeuse qui confirme une caporalisation des institutions et confisque les prérogatives de l’Assemblée nationale et celles du Conseil des ministres», affirme Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT.

Élaboré sur la base d’un prix de référence du baril du pétrole de 37 dollars et d’un taux de change de 98 dinars algériens pour 1 dollar, la loi de finances 2016 prévoit des dépenses globales de 7 984,1 milliards dinars (environ 68,49 milliards d’euros) contre 4 747,43 milliards de dinars de recettes (environ 40,72 milliards d’euros).

Recettes

L’Algérie est frappée de plein fouet par la chute des cours de pétrole qui constituent avec le gaz 98 % de ces recettes en devises.  Le gouvernement prévoit une baisse très nette des recettes en devises en raison justement de la persistance de la baisse des cours de l’or noir. « Les recettes pétrolières atteindront 26,4 milliards de dollars en 2016 contre 33,8 milliards à la clôture de l’année en cours », indique le gouvernement.

Cette crise économique affecte également les réserves de change du pays. Selon les mêmes prévisions, ce bas de laine fonderait à la fin de l’année prochaine pour atteindre 121 milliards de dollars contre 151 milliards en décembre 2015. De quoi assurer à l’Algérie 23 mois d’importations.

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