Sommet Africités : la bataille entre Johannesburg et Dakar pour la présidence

Le maire de Dakar, Khalifa Sall, perdra-t-il la présidence des Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA) ? Les villes sud-africaines, ont présenté, face à lui, le maire de Johannnesburg, Parks Tau, lors du septième sommet Africités. Verdict le 2 décembre.

Khalifa Sall en 2015 à la mairie de Dakar. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Khalifa Sall en 2015 à la mairie de Dakar. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 1 décembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Il faut, bien sûr, savoir proportion garder. Il n’empêche, le Sommet Africités, qui se tient du 29 novembre au 3 décembre, à Johannesburg, a des allures de remake de la campagne de Nkosazana Dlamini-Zuma pour la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA), en 2012, contre le Gabonais Jean Ping.

Comme à Addis-Abeba, la démonstration de puissance sud-africaine a de quoi impressionner. Pour « son » sommet, la capitale économique sud-africaine a réservé le Centre des conventions de Sandton, vaste bâtiment de marbre et de verre, dont les cinq étages climatisés surplombent ce quartier d’affaires ultra-moderne. Le maire de Johannesburg, Parks Tau, est candidat. Mais, précise-t-il à Jeune Afrique, ce n’est pas lui qui s’est présenté mais les villes d’Afrique australe qui ont proposé sa candidature. « Mon souhait, c’est qu’un consensus puisse se dégager, sans que l’on ait à passer par un vote », insiste-t-il. Une position qui rappelle celle de Dlamini-Zuma.

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Le maire de Dakar résistera-t-il au rouleau compresseur sud-africain ? 

Face à lui, le maire de Dakar, Khalifa Sall. Comme Jean Ping en son temps, celui-ci n’a effectué qu’un seul mandat à la tête des Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA), depuis son élection au Sommet de Dakar, en 2012. Ses partisans souhaiteraient qu’il rempile lors de l’élection, prévue le 2 décembre. Mais pourra-t-il résister au rouleau compresseur sud-africain ? Risque-t-il de faire face aux mêmes conséquences que Jean Ping ?

Rien n’est moins sûr. Car la CGLUA n’est pas l’UA. Elle n’en est d’ailleurs même pas une composante. Et cette différence a profondément marqué l’histoire de cette organisation. En 2008, lorsque Rabat, au Maroc, a été choisi comme siège de l’organisation à la place Pretoria, en Afrique du Sud, les villes d’Afrique australe ont fait dissidence, se retirant pendant quatre ans de l’organisation. Un pays qui ne participe pas à l’UA ne devrait pas être le siège d’une institution panafricaine, arguaient-elles, proposant le transfert du siège à Addis-Abeba.

Rabat penche pour Dakar

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Au Sommet de Dakar, en 2012, ces villes d’Afrique australe ont finalement privilégié l’unité en acceptant de rentrer dans le rang. C’est à cette occasion que Johannesburg a été choisi pour accueillir le Sommet suivant. Mais peut-être considère-t-elle que cette compensation n’est pas à la hauteur de ses concessions.

Le Maroc n’a, évidemment, rien oublié de cette histoire. Le pays est d’autant plus attaché à cette institution qu’il s’agit d’une des rares organisations panafricaines à laquelle il participe, et la seule qu’il accueille sur son territoire. Une délégation marocaine forte d’une centaine de personnes, dirigée par Charki Draiss, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, est venu animer le plus vaste stand du Sommet. Son soutien à Khalifa Sall paraît acquis. Et puis, expliquent les partisans de Sall, les Sud-africain président déjà l’UA.

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PARTICIPATION EN BAISSE 

Le nombre de délégués a été divisé par deux par rapport au Sommet de Dakar, en 2012. Depuis le premier Sommet africités, qui avait réuni 1000 personnes à Abidjan en 1998, le nombre de participants n’avait fait qu’augmenter, d’événement en événement, pour atteindre 6500 personnes à Dakar, en 2012.

À Johannesburg, ce nombre ne devrait pas dépasser les 3000, loin des prévisions de 5000 personnes, initialement affichées.

« C’est une déception, reconnaît le secrétaire général des Cités et gouvernements locaux d’Afrique (CGLUA), le Camerounais Jean-Pierre Elong Mbassi. Il y a deux explications principales à cela, la concurrence de la COP21, qui se tient au même moment à Paris. Ensuite, les autorités sud-africaines ont été très tatillonnes pour la délivrance de visas : elles n’ont pas eu de tolérance pour les dossiers déposés en retard. » Un mauvais point pour la candidature de l’Afrique du Sud ?

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