Parks Tau, maire de Johannesburg : « Nous continuons d’accueillir les migrants africains »

Natif de Soweto, Parks Tau n’a que 45 ans et un filet de voix ténu. Mais il est à la tête de Johannesburg, la capitale économique de l’Afrique du Sud, qui organise le septième sommet Africités, du 29 novembre au 2 décembre. Interview.

Parks Tau est maire de Johanneburg, depuis mai 2011. © Felipe Dana / AP / SIPA

Parks Tau est maire de Johanneburg, depuis mai 2011. © Felipe Dana / AP / SIPA

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 1 décembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Avec ses lumières et ses gratte-ciels, « eGoli », comme l’appellent les Zoulous (« l’endroit de l’or »), attire des générations de migrants sud-africains depuis plus d’un siècle. Véritable laboratoire de la cohabitation entre les différentes communautés de la « Nation Arc-en-ciel » après l’apartheid, la ville a commencé à attirer de nouveaux habitants au-delà des frontières : des migrants des pays voisins (Zimbabwe et Mozambique, surtout) et même au-delà (la RD Congo notamment).

Une image de ville ouverte sur l’Afrique qui a été passablement écornée par les récentes vagues de violence xénophobe. Conscient de ce problème et de la nécessité de le combattre, le maire de « Joburg », Parks Tau, qui accueille le septième sommet Africités du 29 novembre au 2 décembre, insiste cependant sur la tolérance qui continue de caractériser sa ville.

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Jeune Afrique : Qu’est-ce que cela représente pour vous d’accueillir le septième sommet Africités ? La compétition pour organiser cet événement a-t-elle été rude ?

Parks Tau : Nous n’avons pas vraiment eu à nous battre. Nous avons proposé notre candidature aux Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA) et elle a été acceptée.

Un nouveau président de la CGLUA doit être élu le 2 décembre. Êtes-vous candidat ?

J’ai été nominé par la région Afrique australe pour le poste de président. Mais nous avons pour principe de décider par consensus. Donc nous espérons que nous n’aurons pas besoin d’aller au vote.

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Il y a eu par le passé des tensions entre l’Afrique du Sud et le Maroc au sein de la CGLUA. Souhaitez-vous toujours que le siège marocain de l’organisation soit déplacé à Addis-Abeba ?

C’est une question qui a divisé l’organisation. Lorsque nous nous sommes rencontrés à Dakar, il y a trois ans, nous sommes tous tombés d’accord sur la nécessité de réunifier les gouvernements locaux d’Afrique. Donc, nous ne poussons pas au débat sur cette question qui ne concerne que le bureau.

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La ville de Johannesburg est l’une des plus riches du continent. Elle a toujours attiré de nombreux migrants, qu’ils soient Sud-Africains ou étrangers. Mais elle a connu une vague récente de xénophobie. Les migrants africains sont-ils toujours les bienvenus ?

Ce sont des incidents isolés, et nous les traitons comme tels. Ce n’est pas un problème ancré dans la psyché sud-africaine, mais ce sont des actes menés par certains individus. D’ailleurs, tous les partis politiques ont condamné ces violences.

La ville de Johannesburg a lancé une campagne pour lutter contre la xénophobie, comme vous le voyez sur les panneaux publicitaires. Nous avons créé un bureau des migrants pour s’occuper des problèmes d’intégration et de cohésion sociale. Les communautés d’accueil et les communautés de migrants y sont représentés. Nous continuons d’accueillir des étrangers africains.

Les grandes villes sont maintenant confrontées à des problèmes de deuxième génération

Des élections municipales vont se tenir dans quelques mois. Le parti d’opposition Alliance démocratique a fait de Johannesburg l’une de ses cibles. Le Congrès national africain (ANC) va-t-il pouvoir la conserver ?

Bien sûr, un parti politique va toujours aux élections en disant qu’il va gagner… Mais cela fait partie de leur campagne. Nos résultats parlent d’eux-mêmes et nous donnent toute confiance.

Comment expliquez-vous que les grandes villes d’Afrique du Sud sont celles où le soutien à l’ANC diminue le plus vite ? On a vu ça au Cap et il semble que cela arrive maintenant à Nelson Mandela Bay et Johannesburg…

Pendant les deux premières décennies de liberté, nous avons dû nous attaquer prioritairement aux problèmes de base : le logement, l’accès à l’électricité, l’assainissement… Mais les grandes villes sont maintenant confrontées à des problèmes de deuxième génération. Pour les résoudre, à Johannesburg, nous avons publié une stratégie de long terme qui doit s’attaquer aux questions de mobilité, d’intégration urbaine et d’accès aux opportunités économiques et sociales.

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