RDC – Albert Moleka : « Le dialogue de Kabila n’est qu’une manœuvre dilatoire pour s’accrocher au pouvoir »

Nouveau « dialogue » politique en RDC, processus électoral en panne, éventuel rapprochement entre le président Joseph Kabila et Étienne Tshisekedi, leader de l’UDPS… Albert Moleka, l’ancien bras droit de l’opposant historique congolais, s’est confié à Jeune Afrique sur les sujets chauds de l’actualité congolaise.

Albert Moleka, ancien porte-parole de l’opposant congolais Étienne Tshisekedi, le 1e décembre 2015 à Paris. © Vincent Fournier/J.A.

Albert Moleka, ancien porte-parole de l’opposant congolais Étienne Tshisekedi, le 1e décembre 2015 à Paris. © Vincent Fournier/J.A.

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Publié le 2 décembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Pour « glisser », Joseph Kabila voudrait avoir à ses côtés au moins Étienne Tshisekedi, opposant emblématique à la dictature de Mobutu. Mais la caution de ce dernier à un prolongement du mandat du président congolais à la tête du pays n’est pas du tout assurée.

Après les rencontres bilatérales entre les représentants des deux hommes politiques à Ibiza et à Venise, lesquelles n’ont pas donné les résultats escomptés par le président, Joseph Kabila a continué à envoyer des émissaires auprès d’Étienne Tshisekedi, en convalescence à Bruxelles. L’objectif est resté le même pour le pouvoir : persuader le « Sphinx de Limete » de participer, avec son parti (l’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS, premier parti d’opposition en RDC), au nouveau « dialogue politique national inclusif ».

Il n’est pas sage de profiter de l’aura de Tshisekedi, estime Moleka

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« C’est très dommage », estime Albert Moleka qui a été pendant six ans directeur de cabinet et porte-parole du leader de l’UDPS (2008-2014). « Dans son état et à son âge (il a 84 ans), je crois qu’on doit plutôt lui permettre de jouir de ses petits-enfants et de ses arrières petits-enfants. Il n’est pas sage de continuer à l’exhiber et à profiter de son aura », explique-t-il, soulignant toutefois que son ancien mentor, affaibli, pourrait désormais « jouer un rôle de patriarche, auprès de qui toutes les forces vives de la nation pourraient venir demander conseil ».

Pas d’élection présidentielle en 2016 ?

Aux yeux d’Albert Moleka, le régime de Kabila a tout fait pour ne pas organiser des élections. Il est donc hors de question de l’accompagner dans ce nouveau forum politique qui ne serait, selon lui, que « l’une des manœuvres dilatoires de M. Kabila pour s’accrocher au pouvoir, le temps de créer un environnement dans lequel un changement de la Constitution puisse prendre place. » Ainsi, poursuit-il, « ce nouveau cadre constitutionnel lui permettrait alors d’être candidat à sa propre succession ».

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Mais pour la coalition au pouvoir, ces allégations ne sont qu’un « procès d’intention », Joseph Kabila n’ayant jamais évoqué son intention de vouloir prolonger, ou non, son mandat. Le dialogue politique convoqué ne servirait selon ses promoteurs qu’à baliser la voie vers « des élections apaisées, conformes aux standards internationaux ». Or pour Albert Moleka, c’est bien Joseph Kabila le problème. « Ce n’est pas un homme qui respecte la parole donnée », tance-t-il. Même si, « techniquement », l’ancien bras droit d’Étienne Tshisekedi reconnaît qu’il est aujourd’hui « impossible d’organiser [dans les délais constitutionnels] des élections qui respectent la dignité du peuple congolais ».

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