Djibouti : du vide à la saturation ?
Depuis 2006, le secteur financier du petit État a explosé. Les autorités cherchent désormais à attirer des acteurs de taille moyenne.
Finance : bientôt dans la cour des grands
Onze banques, c’est trop pour un pays de moins de 1 million d’habitants.
Saleh Karman, directeur général de Saba Islamic Bank
Résultat : neuf banques – dont quatre islamiques -, originaires d’Afrique, d’Europe, d’Asie et du Moyen-Orient, se sont implantées, attirées par une réglementation libérale, une monnaie stable et librement convertible, le maintien de la parité fixe avec le dollar – une exception dans la région -, ainsi que par un positionnement géographique stratégique et des infrastructures bancaires modernes.
Concurrence oblige, BCI-MR a élargi son offre pour les particuliers ; l’établissement annonce une progression annuelle du nombre de comptes d’environ 30 %. De plus, depuis 2009, les salariés gagnant au moins 40 000 francs djiboutiens par mois peuvent ouvrir un compte. Résultat : le taux de bancarisation atteint 12 % – l’objectif affiché étant 20 %. « Nous faisons tout pour favoriser cette évolution, notamment pour canaliser l’épargne informelle des femmes commerçantes vers une épargne structurée, souligne Djama Haid. Nous tentons aussi de développer la microfinance [trois établissements ont été agréés dans cette branche]. » La densification du tissu bancaire a entraîné un essor du secteur privé, qui bénéficie de davantage de crédits ; un phénomène renforcé par la baisse des taux d’intérêt et par l’action du Fonds de développement économique de Djibouti, qui vise à soutenir les PME.
Durcissement
« Onze banques, c’est trop pour un pays de moins de 1 million d’habitants », nuance Saleh Karman, directeur général de Saba Islamic Bank. Afin de ne pas saturer le marché tout en favorisant les établissements de taille moyenne, les conditions d’obtention d’une licence ont été durcies l’an dernier : le capital minimum sera relevé à 1 milliard de francs djiboutiens d’ici à 2014, et le ratio de solvabilité passera progressivement de 8 % à 12 % d’ici à la fin de 2013.
La Banque centrale a créé un département consacré à la supervision des établissements financiers. Des pôles de compétence ont été développés, notamment pour la comptabilité, la finance islamique, la microfinance et la lutte contre le blanchiment des capitaux. Si les conditions d’obtention des licences ont été durcies, « elles ne sont pas coercitives pour autant », relativise Djama Haid. « Le niveau de capital requis étant désormais assez élevé, cela ne favorise plus la création de petites banques. En revanche, pour les moyennes et les grosses, il y a de la place. » À bon entendeur…
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