Managem diversifie ses minerais
Après deux bonnes années boursières, le groupe marocain Managem devrait afficher de moins belles performances en 2012. Sa volonté de rééquilibrer la structure de ses revenus continue toutefois à séduire les analystes.
L’an dernier, la société dirigée depuis les tours casablancaises du Twin Center a annoncé des réserves supplémentaires de 580 tonnes d’argent, de 1,41 million de tonnes de zinc, de plomb et de cuivre, et de 3 200 t de cobalt. Elle a présenté un résultat net 2011 de 403,5 millions de dirhams (contre 222 millions de dirhams en 2010) pour un chiffre d’affaires annuel de 3,1 milliards de dirhams, en hausse de 6,7 %. La firme a ainsi décidé de distribuer, à partir du 29 juin, un dividende de 15 dirhams par action, ce qu’elle n’avait pu consentir depuis 2007.
Néanmoins, ces bons chiffres sont en dessous des attentes de la plupart des analystes. À titre d’exemple, Attijari Intermédiation, filiale du groupe bancaire Attijariwafa Bank, misait fin septembre 2011 sur un chiffre d’affaires plus élevé de 17 %, générant un résultat net d’un tiers plus important.
Cette progression décevante des revenus s’explique principalement par les difficultés opérationnelles de la principale filiale de Managem, la Société métallurgique d’Imiter (SMI), dont le groupe détient 80 % des parts. Alors qu’elle escomptait produire 230 t d’argent en 2011, la SMI a dû revoir ses ambitions à la baisse en raison d’un conflit avec les riverains d’Imiter, dans le centre du pays, portant sur les retombées économiques de l’activité minière et sur la raréfaction de l’eau dans la région. L’approvisionnement en eau des installations industrielles a été bloqué pendant des semaines par des manifestants, réduisant sa capacité de production de 40 % à la fin de l’année 2011. D’après Attijari Intermédiation, ce conflit a entraîné un manque à gagner de 30 t d’argent, alors que les cours du minerai précieux ont frôlé un record historique de 50 dollars l’once à la mi-2011.
Signe des inquiétudes concernant la SMI, cotée elle aussi à la Bourse de Casablanca, son titre a baissé de 10,8 % en six mois.
+50% pour l’argent
Malgré ces difficultés, Managem, piloté par son PDG Abdelaziz Abarro, est toutefois en passe de réussir sa diversification à moyen terme. Une stratégie qui vise à faire évoluer la structure de ses revenus, provenant aujourd’hui à 80 % des métaux de base (cuivre, zinc et cobalt) et à 20 % des métaux précieux (or et argent), vers une répartition plus équilibrée entre les deux familles de minerais.
Côté métaux précieux, la production d’argent doit progresser de 50 % d’ici à 2014. La mine d’Imiter devrait en effet passer, à la suite d’une expansion prévue fin 2013 – sous réserve de la fin du conflit -, à une production annuelle de 300 t d’argent. Mais les projets subsahariens de Managem apporteront eux aussi leur pierre à l’édifice : l’exploitation des mines d’or de Bakoudou, au Gabon, qui vient de démarrer, et de Wadi Gabgaba, au Soudan, qui débutera mi-2013, ajoutera une capacité de production annuelle de 4 t d’or à elles deux. Au total, le chiffre d’affaires supplémentaire apporté par ces projets était estimé fin 2011 à 1,9 milliard de dirhams par an, d’après Attijari Intermédiation.
Les projets au Gabon et au Soudan apporteront leur pierre à l’édifice.
La production de métaux de base doit aussi progresser, mais dans des proportions moins importantes, avec trois grands projets dans le cuivre : au Maroc, la mine de Jbel Lassal doit débuter fin 2012 avec une production de 24 000 t/an, et celle d’Oumjrane fin 2013 avec 25 000 t/an ; en RD Congo, la mine de Pumpi pourrait démarrer en 2014.
Un titre surévalué
Avec ces évolutions, les métaux précieux représenteraient 52 % du chiffre d’affaires à l’horizon 2015. La société serait ainsi dotée d’un « couple » optimal alliant des métaux précieux, valeurs « défensives » refuges en temps de crise, et des métaux de base, dont les cours sont portés par la croissance mondiale, notamment des pays émergents. De quoi voir l’avenir en rose en ces temps de forte volatilité des matières premières.
Les analystes croient donc au potentiel de l’entreprise, mais, pour eux, le titre, dont le cours a été multiplié par six depuis le 1er janvier 2010, est aujourd’hui un peu surévalué. Managem est un « business model remarquable, mais son potentiel semble déjà consommé par le titre en Bourse », estime ainsi BMCE Capital, qui, dans une note datée du 3 avril 2012, calcule une valeur cible de 1 463 dirhams pour le titre, soit 8 % en dessous de la valeur cotée.
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