Surchauffe à Nairobi

Le Kenya a recouru à des taux d’intérêt très peu élevés pour doper la consommation. Il doit aujourd’hui faire marche arrière, au risque de se retrouver avec des créances irrécouvrables.

Au Kenya, comme dans beaucoup de pays en Afrique, l’inflation est de retour. © AFP

Au Kenya, comme dans beaucoup de pays en Afrique, l’inflation est de retour. © AFP

Publié le 3 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

Lorsque la banque Standard Chartered Kenya a commencé à croître de 9 millions d’euros par mois l’an dernier, son directeur général, Richard Etemesi, a compris que la plus grande économie de la région était en surchauffe. Le Kenya est l’un des premiers pays d’Afrique à devoir s’attaquer à une augmentation incontrôlable du nombre de crédits à la consommation qui, in fine, mettent en péril son économie.

Que s’est-il passé ? La hausse des prix des produits alimentaires et du carburant et la baisse de la demande européenne dans le tourisme et les exportations de fleurs ont fait chuter les devises à un niveau record et ont plongé le pays dans un cycle inflationniste. Dans le même temps, les faibles taux d’intérêt des crédits domestiques (ces derniers ont augmenté de 32,5 % en 2011, pour atteindre 1,5 milliard d’euros) ont encouragé les dépenses à la consommation. Les Kényans ont commencé à emprunter pour acheter de tout, des vacances ou encore des meubles. Conséquence : les importations ont atteint un niveau deux fois supérieur aux exportations, creusant un peu plus le déficit commercial.

la suite après cette publicité

Le pays essaie de contrecarrer cette bulle, au risque de se retrouver avec des créances irrécouvrables. Avec l’augmentation tardive et soudaine des taux d’intérêt par la Banque centrale, de 5,75 % en janvier 2011 à 18 % en décembre, de nombreux Kényans endettés ne peuvent plus rembourser. Le gouvernement et les banques ont proposé des extensions et des renégociations de prêts, tandis que les établissements ont été sollicités pour réduire les taux d’intérêt et alléger le fardeau des emprunteurs. Mais les banquiers craignent une nouvelle fièvre du crédit.

Flambée de l’immobilier

Les effets de cette bulle sont directement visibles dans l’immobilier. Les prix des biens haut de gamme à Nairobi et sur la côte kényane ont augmenté respectivement de 25 % et de 20 % l’an dernier, l’une des plus fortes augmentations au monde. Face à l’augmentation des taux d’intérêt, les promoteurs doivent renégocier les prêts de leurs acheteurs et mettre en suspens les nouveaux projets, faute de clients. L’État, qui insiste sur le fait qu’il peut traverser la tempête, a abaissé les prévisions de croissance du PIB de 6 % à 5 % cette année. 

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

Contenus partenaires